Tammy and the T-Rex
5.1
Tammy and the T-Rex

Film DTV (direct-to-video) de Stewart Raffill (1994)

Lorsque la plateforme de SVOD française Outbuster a inauguré il y a quelques mois sa nouvelle catégorie « Le Doigt dans le Culte », je me devais d’y jeter un œil. Oui, avec un nom comme ça, j’étais persuadé de trouver des bobines improbables comme je les aime. C’est donc en toute logique que je me suis lancé dans Tammy and the T-Rex, un film que je connaissais de réputation, une réputation à la fois de nanar ultime et de film culte. Je savais aussi qu’il avait été filmé à l’origine comme une comédie d’horreur classée R, mais que ses scènes gores avaient été supprimées afin de plaire à un public familial. Mais en 2019, l’éditeur américain Vinegar Syndrome a restauré et ressorti en salle, puis en DVD, Bluray et Bluray 4K, la version non coupée du film dans certains cinémas nord-américains. C’est cette version uncut qui est arrivée chez nous chez Outbuster et qu’il faut que tout amateur de cinéma bis et autres films portnawak ait vu dans sa vie. Car oui, Tammy and the T-Rex est un film incroyablement amusant et fou.


A la barre de ce film improbable, on trouve Stewart Raffill, qui avait déjà commis d’autres bobines toutes aussi improbables telles que Les Guerriers de l’Espace (1984) ou Mac and Me (1986), le fameux rip-off de E.T. Raffill raconte qu’il a été contacté par un homme qui possédait des théâtres en Amérique du Sud et qu’il avait un T-Rex en animatronic destiné à un parc du Texas. Les yeux fonctionnaient, les bras et la tête bougeaient. Il l’a eu pendant deux semaines avant qu’il ne soit expédié au Texas et il est venu le voir en disant « On peut faire un film avec ça ! ». Stewart a écrit l’histoire en une semaine et a choisi les lieux de tournage en fonction de leur proximité avec sa maison (pas plus de 25 min de distance). Raffill a également déclaré « qu’il essayait juste de faire un film pour les gens qui aiment les films loufoques. En d’autres termes, vous riez de l’expérience à laquelle j’ai été confronté, à savoir, que diable êtes-vous censé faire avec ce matériel ? Je mettrais toute mon énergie dedans, juste pour que ça marche. Bien sûr, quand vous n’avez qu’une semaine pour travailler sur un scénario, c’est un peu mince ! Je suis aussi le plus grand plagiaire, je demande constamment aux acteurs et à l’équipe s’ils ont quelque chose de mieux à ajouter ». Voilà, à partir de là, comment voulez-vous que ce film soit normal !?! Le début fait presque illusion, commençant comme une comédie romantique presque normale, très ancrée dans son époque, dans laquelle on découvre une Denise Richards (Starship Troopers, Sex Crimes) et un Paul Walker (la saga Fast & Furious) tous jeunes, dans un de leurs premiers rôles. Puis très rapidement, au bout de 10 minutes, on découvre une sorte de docteur farfelu et son assistante au décolleté improbable qui nous apprennent qu’ils vont tenter de donner un cerveau à un dinosaure en animatronic afin qu’il devienne autonome. Là, on sait que le spectacle auquel on va assister risque d’être sacrément velu. Un mec jaloux qui décide de faire la peau au personnage de Paul Walker plus tard, et ça y est, notre docteur l’a son cerveau ! Va donc rentrer en scène l’attraction principale du film : le Paul Walkerosaurus.


Là, tout part en couille. Mais tout part en couille volontairement car le réalisateur sait très bien ce qu’il fait et décide donc d’axer son film du côté de la comédie nawak avec du gore. Pour le scénario, j’ai envie de dire qu’on s’en balec. Que foutent des lions, des tigres et des panthères aux alentours d’une ville ? Pourquoi transférer un esprit dans un animatronic de dinosaure ? Pourquoi ne se rend-on pas compte qu’un T-Rex se balade en plein jour ? Toutes ces questions ont la même réponse : parce que fraise de bois. Mais on s’en fout parce que le film est tellement rythmé et l’enchainement de gags et situations improbables tellement élevé qu’il est impossible de s’ennuyer une seconde. Les dialogues sont complètement farfelus, à l’instar des personnages du film. Ces derniers sont réellement excellents et, à part les quelques jeunes branleurs en début de film dont le compte est rapidement réglé, le reste est à l’image du film. Mention spéciale au docteur bien barré, qui fume dans l’hôpital, qui se faire faire des gâteries en pleine rue, et qui cabotine comme un beau diable, et à son assistante tout aussi déjantée, décolleté plongeant, la pinède en feu. Mention honorable pour les flics bien crétins, toujours à fond dans la petite blagounette. Tous sont conscients du film dans lequel ils sont en train de jouer et ont décidé qu’ils allaient s’amuser avec le réalisateur, et ça se ressent. Certaines scènes sont complètement Out of This World, virant vers l’humour noir et même macabre, comme lorsque notre héroïne et son sidekick filent à la morgue pour chercher un nouveau corps dans lequel transférer le cerveau et l’esprit du petit Polo actuellement dinosaurifié. Tout bonnement improbable.


Version uncut oblige, sont présentes toutes les scènes gores qui n’avaient pas passé le premier montage. Et il y en a pas mal et elles sont bien gores. Crâne découpé à la scie sauteuse pour récupérer un cerveau, arrachage de tête à coup de dents, corps littéralement aplati, abdomen arraché, giclées de sang diverses et variées, … Le film s’en donne à cœur joie dans la sanquette, mais toujours dans la joie et la bonne humeur car nous sommes dans une comédie. Et donc il y a le dinosaure. Tantôt animatronic, tantôt un mec dans un costume en caoutchouc pour certains plans serrés sur les actions des jambes ou des bras, tantôt (plus rarement) en incrustation bien moche, le résultat est complètement fou et ne se prend jamais au sérieux. Notre dinosaure se regarde dans un petit miroir, il passe des coups de téléphone et laisse même des grognements en guise de message, il fait des croche-pattes sournois, il offre des roses, il pleure à son enterrement, il joue aux charades, … Mais surtout, il a des scènes douces avec la jolie Denise Richards parce que le moteur du film, c’est l’amour, avec un grand A. Les moments « romantiques » font preuve d’une telle niaiserie (volontaire) qu’il est compliqué de ne pas rire devant. On se marre certes parfois du film, mais on se marre surtout avec le film. Avec son humour parfois bien débile, la gueule de certains seconds rôles, son gore grotesque et son nawak assumé, on a parfois l’impression de se trouver devant une bobine sortie de l’esprit malade d’un trublion de la Troma. La scène finale en est l’exemple même, une folie totale : le cerveau désincarné de Paul Walker se masturbe l’esprit sur une Denise Richards en mode striptease. Oui, ce film est absolument dantesque, je vous assure.


Tammy and the T-Rex est un excellente comédie fun et trash qui ne se prend jamais au sérieux, où le nawak flirte avec la bonne humeur, où le plaisir qu’on prend est égal à celui que les acteurs ont eu à le tourner. Tout simplement épique.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
8
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le 25 janv. 2022

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