Pour la plupart des bulgares, le rêve d'une vie acceptable a été remplacé par une lutte obstinée pour une survie primitive au quotidien. Précarité, inégalités croissantes, corruption omniprésente, fuite massive vers l'étranger : c'est un pays et une capitale exsangues que radiographie l'ancien médecin Stephan Komandarev dans son 8ème long-métrage, Taxi Sofia (un cinéaste déjà repéré avec l'excellent The World is big ...). Un film composé de longs plans séquences, comme autant de sketches sautant d'un taxi à l'autre, le plus souvent dans la sinistre nuit sofiote. Le petit miracle est qu'il y a peu de trous noirs dans la narration, chaque histoire captive, passionne ou émeut, même si la tonalité est globalement sombre, relevée de ci, de là, de notes d'humour très noires. La scène d'ouverture, d'une violence extrême, rappel d'un véritable fait divers, sert de fil conducteur, avec la libre antenne de la radio où témoignent des citoyens lambda. Le tableau est pessimiste, oui, mais l'aspect humaniste du film s'impose par petites touches avec quelques petits gestes de solidarité qui réchauffent dans cet univers où les instincts primaires resurgissent dans une compétition sauvage pour la simple survie. Remarquablement réalisé, entre l'habitacle des taxis et le décorum d'une ville glaciale, Taxi Sofia bénéficie d'une interprétation de haute tenue. A l'instar de Glory, autre grand film bulgare, sorti plus tôt cette année, il a sans aucun doute des valeurs cathartiques mais aussi des résonances universelles au-delà de ses spécificités bulgares.

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le 15 oct. 2017

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