2 mots qui me viennent, pendant et après le visionnage : la justesse et l'élégance.


Justesse : la construction narrative du film dresse un portrait très fin des protagonistes. Les enfants sont merveilleux de justesses. On cerne les enjeux grâce à cette justesse des personnages et le réalisateur met constamment en parallèle 2 familles foncièrement différentes : une famille aisée, foyer ordonné, enfant unique, père exigeant, bosseur et absent, mère dans l'ombre du patriarche. Une autre : 3 enfants, famille modeste, père rieur qui prône l’oisiveté, un foyer plus agité, une mère au premier plan. A travers ces 2 familles on se questionne sur le rôle du père et sur des questions profondes liées à la famille, l'amour, ou encore à l'enfance.


Élégance : les états d’âmes et les souffrances de chacun ne sont jamais extrapolés ni forcés. Le spectateur apprivoise chaque scène et chaque interaction de manière simple et sans artifice. La caméra se fait discrète, les détails liés au objets et à l'environnement nous permettent de cerner ce que vivent les personnages. Lorsque Ryota Nonomiya, le père de la famille aisée, est au bord d'une rivière face à un rocher immobile alors que le flux d'eau circule autour on comprend que cet homme est bloqué dans un système de pensée figé, sur un modèle familial Japonnais qui ne l'empêche de réellement s'épanouir. Les objets sont très importants dans le film ; l'appareil photo mis en parallèle avec la caméra vidéo par exemple. Toujours cette dualité entre mouvement et immobilisme. D'un côté Yudai Saiki, le père rieur, en mouvement, qui s'amuse, et film avec sa caméra. En face Ryota Nonomiya, raide, qui utilise un appareil photo. Tout au long du film on a ces parallèles très intéressants et élégamment mis en scène qui rythment les interactions dans et entre les 2 familles.


Les enfants ont une place centrale ; c'est à travers eux qu'on parvient à cerner les enjeux et la moralité des adultes. La puissance de l'enfance et la faculté extraordinaire d'un enfant à observer, appréhender et assimiler ce qui l'entoure sont très bien amenés dans le film.


Le final est très beau, j'ai ressentie une certaine une libération à travers ce parcours du combattant qu'on menés ces individus. Le tout se termine chez Yudai Saiki, le papa capable de réparer les jouets des enfants. En effet les liens qu'on a tenté de rompre pour des raisons archaïques vont essayer d'être réparé après ce final bouleversant....


Grand film.


Ssird
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films et documentaires (re)vus en 2023 et 2023 : Rétrospective Kore-Eda

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le 23 févr. 2023

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Ssird

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