Film d'étudiant, film d'appartement

C'est quand même marrant de constater que 80% des productions estudiantines se déroulent principalement dans un appartement. En même temps, on parle de ce que l'on connaît, donc c'est rassurant qu'ils racontent ce genre d'histoire, et puis vu le maigre budget dont ils disposent ce serait casse-gueule de situer l'action dans un château au XIIIème siècle. Mais bon... je pense qu'il y a tout de même d'autres alternatives (autre que le social pitié).

La mise en scène fait montre d'une certaine maîtrise, surtout au niveau esthétique, mais ça pourrait être mieux. Il reste des mouvements de caméra inutiles, des effets de style qui auraient pu être évités, surtout quand il s'agit d'effets de post prod qu'il aurait été possible de faire lors du tournage (je pense notamment à ce flou). Et puis, ces foutus fondus au noir. Je déteste cela. Une fois dans un film c'est déjà limite, mais là il y en a combien ? En général, quand on met un fondu au noir, c'est qu'on ne sait pas comment passer d'une séquence à l'autre en table de montage : soit le monteur manque d'assurance soit il manque simplement un plan qui aurait pu permettre la transition. Le fondu au noir, ça fout en l'air le rythme d'un film, ça alourdit le sujet (surtout qu'on trouve ce type de fondu plus souvent dans des drames que des comédies). L'acteur a une bonne tête de gentil, mais il a tendance à surjouer un poil durant la scène où il assiste à ce tragique évènement. En même temps, ce n'était pas simple à jouer, mais voilà, autant le dire.

Narrativement, le sujet est intéressant et pas trop mal amené. Mais là aussi il y a des défauts. Le bougre semble beaucoup trop bouleversé. Je pense que la raison est qu'on ne s'attarde pas assez sur cette scène clef. Et qu'au lieu de montrer l'acteur cabotiner, il aurait été plus judicieux de montrer plus de plans de l'évènement. Pas forcément sombrer dans l'horreur, mais insister sur ce que l'on voit. Parce qu'en l'état, c'est si bref, même par rapport à la durée totale du film que ça paraît un peu anodin. Ce qui est contradictoire puisque le personnage ne pensera plus qu'à ça par la suite. Ensuite, la métaphore du bain de sang m'a semblé inappropriée, sans doute parce quesortant du côté terre-à-terre de l'oeuvre. Montrer aussi soudainement du surréalisme, c'est faire fi de la narration. Il aurait fallu annoncer cela, laisser entrevoir que le film pouvait basculer dans ce genre d'imagerie. Enfin, la conclusion m'a déçu justement parce qu'il n'y en a pas. C'est comme si l'auteur décidait de ne rien faire, de quitter son personnage juste quand il peut se passer quelque chose. En fait, de la sorte, il ne fait que passer à côté de son sujet après l'avoir un peu contemplé : le film en devient creux et superficiel. Le spectateur est alors convié à rester en retrait, à ne jamais s'immiscer dans le personnage, à être lui aussi un simple témoin, sauf que le film ne prenant finalement aucun risque, le spectateur ne rentrera pas chez lui aussi bouleversé que le personnage.

Bref, un film qui aurait pu être poussé plus loin et qui aurait pu être plus épuré au niveau de la mise en scène. Mais c'est bien, il y a du potentiel.

PS : faudra que quelqu'un songe à créer une liste répertoriant les films des membres SC, ce serait plus facile de les retrouver. Pareil pour les séries, les livres et les BD. En musique, je ne sais pas s'il y en a, tiens !
Fatpooper
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le 23 août 2014

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