Le flou artistique qui règne autour de "Temptress Moon" est à l'image de l'ambiance ouatée des maisons de fumée au centre du scénario, baignant dans les volutes d'opium. Chen Kaige inscrit son film dans la lignée de ces tragédies familiales intimes se jouant en marge de grands moments d'histoire troublés — en l'occurrence les années 1920 en Chine. L'essentiel est porté par Gong Li et Leslie Cheung, dans une petite ville des environs de Beijing, deux personnages pris dans les tumultes de la vie locale conditionnée par les agissements d'un clan aux manettes du circuit local de distribution de drogue. La tonalité ouvertement dramatique de l'ensemble peine à mobiliser de telle sorte qu'on observe un peu passivement les tragédies qui se jouent devant nos yeux, avec le vieux patriarche qui décède, la fille (Ruyi) qui prend la suite des affaires, et l'ancien ami sur le retour (Zhongliang) qui est commandé par un chef de triade de Shanghaï pour la séduire. Au milieu du bordel, il y a également la femme frustrée du frère handicapé, mais la narration et la mise en scène sont tellement confuse que l'opération plie sous le poids de sa vanité, c'est assez malheureux. Le soin manifeste apporté aux décors, aux costumes ou aux maquillages (un peu dans la lignée de "Adieu ma concubine" qui avait fait la renommée de Chen quelques années auparavant) ne peut pas annuler cette distance qui empêche toute implication émotionnelle. On observe le drame familial se dérouler, de loin, dans un maelstrom de décadence suffocant. Capitalisation ratée, qui donnerait envie de revoir son précédent succès dans lequel jouaient les deux mêmes acteurs principaux, afin de valider l'appréciation lointaine.

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le 17 mai 2025

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Morrinson

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