Auteur d'une carrière inégale et prolifique Dario Argento s'est affirmé comme l'un des chefs de file du spaghetti thriller dans le courant des années 70, genre cinématographique plus communément appelé "giallo". Après une trilogie animalière hétéroclite et surprenante, un Profondo Rosso se bonifiant d'un visionnage à l'autre et un Suspiria esthétiquement très abouti Argento accouche en 1982 de Tenebrae, une oeuvre certes intéressante sur le plan purement filmique mais cruellement décevante dans son traitement.


Si la composition musicale de Claudio Simonetti, répétée jusqu'à l'obsession dès le générique introductif séduit autant que la lumière froide et rasante de Luciano Tovoli on est très vite décontenancé face au déroulement de l'intrigue, semblant d'enquête davantage prétexte à saisir la beauté du geste horrifique qu'autre chose. Si le thème de Goblin et la photographie d'une crudité sans équivoque sont à se pâmer d'un point de vue plastique ( notamment lors d'un magnifique plan-séquence tourné à la Luma, aussi gratuit que renversant...) on remarque très vite le caractère décousu voire invraisemblable du scénario ; alternant entre des séquences de pur genre plus ou moins réussies, privilégiant l'atmosphère et les fulgurances formelles et des passages lourdement explicatifs destinés à étayer la trame de cette improbable quête de tueur adepte de romans policiers Tenebrae souffre d'un déséquilibre entre sa forme et son contenu.


Ainsi le film s'avère parfois très ennuyant à suivre, perdu entre un rythme volontairement dilaté et une démonstration criminologique tournant vite au ridicule, jusqu'à ce dénouement graphiquement somptueux mais bancal au possible. Les acteurs sont, pour la plupart, médiocres et/ou mal dirigés par le réalisateur, l'effet produit s'apparentant à du bon gros cinoche qui tâche et qui déborde de façon grossière. Il faut toutefois reconnaître que cette référence majeure du giallo tient pleinement ses promesses sur le plan visuel et musical. C'est déjà ça...

stebbins
5
Écrit par

Créée

le 31 août 2015

Critique lue 1.2K fois

10 j'aime

1 commentaire

stebbins

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

10
1

D'autres avis sur Ténèbres

Ténèbres
Sergent_Pepper
7

All about eye

Variation sur des thématiques bien connues des amateurs d’Argento, Ténèbres imagine une enquête mettant des personnages aux prises avec un tueur s’inspirant d’un best-seller, et dont l’auteur va...

le 6 mai 2021

23 j'aime

Ténèbres
Tonton_Paso
8

Le giallo blue sky

Après trois œuvres somptueusement baroques (Profondo Rosso et son diptyque consacré aux trois Mères Suspiria et Inferno), Dario Argento opère un surprenant retour aux sources du giallo le plus aride...

le 17 janv. 2011

23 j'aime

Ténèbres
Fatpooper
5

Sur un long fil de sang tranquille

Nouvelle tentative avec le Giallo, ce genre italien, et une nouvelles fois, je ne suis pas satisfait. J'essaierai encore bien sûr, je n'abandonne pas pour autant. En ce qui concerne ce film, je...

le 5 août 2012

16 j'aime

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5