[Attention: Spoilers Terminator 1&2]


Le pitch

Qu’on se le dise : 2029 ne sera pas une année faste puisqu’à en croire Terminator, sorti en 1984, l’Humanité grise et décharnée contemplera sa ruine après un holocauste nucléaire qui aura décimé pas moins de trois milliards d’innocents (pour donner une échelle de comparaison, la peste fit 25 millions de morts en Europe entre 1347 et 1352 et c’était déjà un record édifiant). À l’origine de cette hécatombe, une guerre sans merci entre les hommes et des machines, contrôlées par Skynet, une intelligence artificielle toute puissante. Le film s’ouvre sur une image qui reviendra plusieurs fois au cours de l’histoire: dans une pénombre angoissante, des chars gigantesques se frayent un passage à la recherche des derniers hommes en écrasant une montagne de crânes humains gisant au sol. Malgré ce spectacle de désolation, une résistance s’est organisée avec à sa tête un certain John Connor, fils de Sarah Connor la bien nommée.

Afin de garantir le triomphe des machines, l’intelligence artificielle envoie dans le passé un tueur redoutable pour l’assassiner.

Dans le même temps, John Connor envoie un homme de la résistance pour protéger sa mère.


1984

Les deux antagonistes arrivent de nuit à Los Angeles sans le moindre vêtement, parce que la matière ne passe pas les couloirs du Temps nous explique-t-on.

Mais le corps en soi n’est-ce pas déjà de la matière ? s’étonna une petite voix dans ma tête tandis que la caméra révélait l’inquiétante physionomie du Terminator dans la nuit californienne, sorte de monstre de Frankenstein robotisé. Je dis inquiétante parce qu’à mes yeux – et c’est sans doute un avis très personnel – Schwarzi arbore une musculature telle qu’on est effectivement plus proche de la créature que de l’homme (vous reprendrez bien un petit peu de monsieur gonflé à l’hélium madame ? Ah non, vraiment merci, je risque de m’envoler).

Kyle Reese, en comparaison paraît beaucoup plus raffiné et fragile, avec un visage fin et une corpulence normale.

Sarah Connor réunit quant à elle les canons de beauté américains de l’époque : blonde aux yeux bleus (mini soupir de jalousie) elle a la mâchoire large et la lèvre inférieure charnue, ce qui lui confère sans doute une certaine sensualité mêlée à une forme de dureté. Son univers est rythmé par son travail rébarbatif de serveuse et ses soirées avec ses amis, jusqu’au moment où elle comprend qu’un tueur en a après elle.


Si tu veux vivre…

Come with me.

Sarah Connor et Kyle Reese n’ont pas fini de courir, toute l’histoire de ces deux-là ne sera qu’une longue fuite pour échapper à la mort.

Entre le petit mortel du futur et le cyborg, le combat est injustement inégal :

Terminator est infaillible, infatigable, increvable (littéralement puisque ni les armes à feu, ni les collisions frontales en voiture, ni les incendies ravageurs, ni les bâtons de nitroglycérine n’en viennent à bout) tandis que Reese éprouve la finitude de sa condition par la fatigue, la faim, la souffrance physique. Ce contraste entre le robot et l’homme est accentué par la scène dans laquelle Terminator se « répare » dans un hôtel crasseux, en s’incisant notamment la face interne de l’avant-bras droit au scalpel, ce qui permet de révéler une partie de son anatomie interne, constituée de petites tiges métalliques. Peu après, le robot se retire son globe oculaire gauche devenu inutile (et certains plans ne montrent plus le visage de l’acteur mais bien une reproduction de cire tandis que la lentille de contact rouge fait le focus). Le visage large, massif et la mâchoire carrée d’Arny (oui je l’appelle Arny, j’ai le droit dans la mesure où j’ai un nom aussi barbare que le sien) servent parfaitement le personnage de ce robot tueur impitoyable, de même que son côté mutique et binaire, sourd à toute forme d’émotion. Terminator n’a même pas besoin de changer ses piles ou de s’alimenter à une petite prise de temps en temps : c’est vraiment pas de chance. Son aspect évolue au fil de l’histoire et passe d’une apparence humaine pour progressivement se détériorer et faire apparaître le squelette métallique à tête de mort dans laquelle sont renfoncés deux yeux rouges.

Pendant ce temps, Reese est condamné à vivre en clandestin tant en 2029 qu’en 1984. Pour autant ce personnage ne cède jamais au découragement ou à la peur : si le cyborg est programmé pour tuer, il faut en face quelque chose ou quelqu’un avec une détermination inaltérable. La photo de Sarah donnée par John Connor à son père (sans lui révéler son rôle) lui permettra de matérialiser son objectif.

Ce dévouement sans faille lui sera malheureusement fatal mais le but sera atteint - avec l’aide décisive d’une presse hydraulique : Terminator est détruit et Sarah est (sur)vivante.

Cet état d’esprit de combattante mais aussi et surtout de cible perpétuelle ne la quittera plus au point d’altérer plus tard considérablement sa relation avec son fils (voir Terminator 2 : le Jugement Dernier). Le moins qu’on puisse dire c’est que John ne sera pas étouffé par les embrassades de sa mère (même si c’était dans un but protecteur) laquelle se traîne un gros syndrome de stress post-traumatique après toute cette folle course poursuite (ce n’est pas un reproche, rappelons tout de même que le cyborg a dégommé un commissariat entier pour la retrouver ; absolument rien ne semble la protéger durablement). À ce titre, le second film réalisé en 1991 amène une jolie trouvaille puisque le vilain n’est pas celui qu’on croit, ce que Sarah Connor ignore. Il suffit de voir sa réaction lorsque Arny se pointe dans son asile pour comprendre que sa terreur n’a pas le moins du monde perdu en intensité.


À ma grande surprise, j’ai bien aimé ce film d’une durée ni trop courte ni trop longue, tout est bien structuré et il y a un même une histoire d’amour au milieu: que demander de plus ? Le I came across time for you de Reese était très joli, comme quoi c’est fou ce qu’on peut faire avec une vieille photo… ;-)

Proximah
7
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le 17 août 2025

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2 j'aime

Proxima

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