Trois films et autant de scènes tournées dans un bar. Certains n'y verront qu'un détail insignifiant, mais cette redondance scénaristique dit quelque chose de l'incapacité de Jonathan Mostow à insuffler un peu de nouveauté dans la saga amorcée par James Cameron en 1984. Le premier film posait avec style les enjeux et jalons, le deuxième y allait d'un rythme frénétique et d'effets spéciaux déroutants, celui-ci se contente de dérouler un scénario fragile et convenu, pâle fac-similé de ses prédécesseurs, qui écoulera certainement plus de pop-corn qu'il ne sollicitera les sens ou les neurones du public. Le Soulèvement des machines débute par une fuite en avant : John Connor, campé par un Nick Stahl en déficit d'incarnation, se révèle en pleine errance existentielle. Il vivote au jour le jour, sans domicile ni attache, encore bercé par les histoires apocalyptiques du T-800 qui lui a jadis sauvé la vie. Cette vulnérabilité concédée au futur héraut de la résistance contre les androïdes fait malheureusement l'objet d'un traitement superficiel, là où des éléments de contre-emploi plus étoffés auraient été précieux. Première faiblesse d'écriture. Jonathan Mostow poursuit en convoquant d'abord une sorte de « Terminator anti-Terminator » féminin, ensuite un super virus capable d'affecter n'importe quel réseau informatique, prélude évident à la sanctification de SkyNet. Faute d'originalité, cela donne lieu à des arguments de narration éculés et des situations largement attendues. Deuxième faiblesse d'écriture. Pis, certaines séquences voulues iconiques prennent des allures à demi avouées de nanar, comme ce moment gênant où le T-X trempe un doigt dans le sang de sa victime avant de le porter à sa bouche pour une identification par analyse moléculaire. Et de trois. Par manque d'idées neuves, Le Soulèvement des machines finit rapidement par tourner à vide, et ce d'autant plus que le spectacle assuré par les « organismes cybernétiques », bien que divertissant, ne se montre jamais à la hauteur des deux opus précédents. Les quelques loufoqueries prévues par le cahier des charges – le cercueil rempli d'armes, par exemple – ou les vaines tentatives pour conférer aux personnages un semblant de relief psychologique – « Pour moi, tu as été ce qui se rapproche le plus d'un père... » – ne suffiront aucunement à justifier la présence du Soulèvement des machines aux côtés des deux morceaux de bravoure façonnés par James Cameron, toujours et à jamais présents en bonne place dans la culture populaire occidentale.

Cultural_Mind
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le 7 nov. 2017

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