Attentions gentils spoils.


Prodige de Dario Argento, ce film nous plonge dans l'univers de l'opéra avec des meurtres à gogo. La fameuse malédiction de Macbeth est présente mais cette fois ce ne sont pas des hasards qui tuent ces pauvres gens mais un terrible tueur qui sévit dans l'enceinte de l'Opéra.


Dés le départ, au générique de début, on nous annonce la couleur. La cantatrice délivre un air formidable sous l'égide d'un corbeau de malheur en premier plan qui ne cesse de croasser. La scène d'introduction qui suit est un plan séquence magique De Palmesque où l'on incarne la vue qu'aurait la cantatrice derrière elle. C'est bien foutu.


https://www.youtube.com/watch?v=H3_iGb_qLk4


Les mouvements de caméra non pas à l'épaule mais au niveau du ventre fidèle au genre de l'épouvante donnent cette impression angoissante d'un tueur sans cesse sur les traces de ses victimes. On a l'impression que celui qui sème la terreur va surgir de n'importe où comme un animal. Et Dario Argento en joue. Parfois il s'agit d'un personnage tout à fait innocent qui s'avère être celui qui porte la caméra. Ce réalisateur, que je ne connaissais pas, a bien de l'humour. Je me surprends à rire à pleines dents à de multiples reprises. Les ficelles des meurtres sont hilarantes et les meurtres en eux-mêmes bien exécutés. Quelqu'un change de pièce et on sait ce qu'il va se passer et d'ailleurs on s'en fiche de s'y attendre puisqu'on a payé le ticket pour voir ça. Alors retentit la musique et l'on sait que le tueur va effectuer son travail, c'est l'exaltation de nos sens. On a envie de leur dire "non, pas par là", "donne lui davantage de coups pour qu'il ne se relève pas !", les acteurs ne nous écoutent pas et ça nous amuse parce que c'est exactement ça, le cinéma d'épouvante à la Carpenter : on n'attend pas des acteurs qu'ils soient intelligents.


Et puis la musique qui démarre juste avant chaque meurtre est encore une preuve de l'humour de Argento. Tantôt sur un air de la Traviata, tantôt sur du AC/DC à fond les ballons, c'est léger comme tout.


J'ai beaucoup aimé le passage avec la costumière quand l'héroïne est piégée dans un cube en verre à la place d'un mannequin en plastique, les yeux bien forcés d'être ouverts. Quelle exaltation !


D'ailleurs, cette idée oblige le spectateur à penser à Orange mécanique, 16 ans auparavant. Le réalisateur nous assène de ne pas nous cacher les yeux sous la couverture devant les atrocités mais de les regarder en face.


Comme à mon habitude, je tente de découvrir l'identité du tueur et comme à mon habitude, je me foire. En fait, le réalisateur donne un alibi en carton à un personnage pour qu'on puisse penser que c'est justement lui le tueur et le spectateur un peu benêt mort à l'hameçon. Le personnage dit "Le tueur est là !" et évidemment quand la caméra montre la cabine téléphonique où le tueur supposé est censé se trouver, il n'est plus là. D'autres scènes similaires comme celle du flacon de parfum ou bien celle de l'entrevue entre Mara et le metteur en scène laissent à penser de l'identité du tueur et les spectateurs naïfs se font embobiner. Les arnaques se succèdent et je prends un grand plaisir à me faire truander par un film d'épouvante.


Puisque c'est un film relatif à l'opéra et à la mort, le rouge est présent en permanence et ça aussi c'est pas mal fait. La sensation de n'être à l'abri nul part est jouissive, le tueur la suit sans cesse. On se croirait dans La Nuit du chasseur. Le bruit des corbeaux nous fatigue, surtout pendant les scènes d'opéra. Le flacon de parfum qui se vide dans l'évier recouvre l'écran d'une sensation de noyade, d'étouffement. Rien n'est bien éclairé, les pièces sont vastes et je ne me souviens pas d'une seule scène en plein jour ou même à l'extérieur avant la scène finale dans les montagnes allemandes. Enfin, on respire ! Enfin presque...


Pour ce qui est de la performance des acteurs, je la trouve correcte mais je ne suis époustouflé devant personne. Bref, ça reste un divertissement très agréable où l'on ne peut s'ennuyer, où l'on s'amuse même.

EmilienFaure
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le 6 déc. 2020

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EmilienFaure

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