Le sixième jour, Dieu créa le Clown, Antonet, Pipo, Bario, Paul, Albert et François Fratellini, Little Walter, Footit et Chocolat, Grock... Le septième jour, il dut se reposer tellement il riait encore !




Le clown et la petite fille



Terrifier 2 écrit, produit et réalisé par Damien Leone est un slasher d'une radicalité sans égale dans lequel on retrouve Art le Clown diabolique. Entre Damien Leone et Art le Clown s'est une véritable histoire d'amour malfaisante. Une aventure débutée en 2008 avec le court-métrage "The 9th Circle", dans lequel le clown y fait une première apparition. La même année, le cinéaste lui consacre un court métrage intitulé ''Terrifier'', qu'il intégre en 2013 dans son premier long-métrage qui présente une série de courts-métrages sur des clowns tueurs : ''All Hallows' Eve''. Débute officiellement en 2016 la dérive mortuaire du clown des enfers avec le premier film entièrement consacré à Art le Clown : "Terrifier". Une petite production pleine d'ambition portée par la détermination d'un homme "Damien Leone", qui va trouver le succès avec cette œuvre au point de lui consacrer une suite. Si Terrifier premier du nom était d'abord et avant tout un travail de forme, avec « Terrifier 2 » le cinéaste essaye de travailler le fond. Un cheminement mis en place suite aux critiques sur son premier film qui lui reprochait un manque de narration. Un compte-rendu idiot, puisque le manque de narration était justement l'une des forces du film. Un récit qui avançait vite et qui n'accordait aucun instant de répit au spectateur. Un public qui se trouvait broyé dans une histoire ô combien énigmatique et mystérieuse dont il avait peu de réponses. Ici, on va tenter de combler ce manque en ajoutant un maximum de narration pour un film qui va devenir excessivement long.


D'une durée de 138 minutes, on se retrouve plongé dans un conte diabolique qui a du mal à tenir sur la distance. En découle des trous dans le rythme auquel le cinéaste va tenter de répondre en intégrant quelques scènes de massacres. Si l'intention est bonne, la première moitié du récit s'avère lancinante. Au point de nous embarquer sur un faux rythme qui plus d'une fois casse notre élan. Il faudra attendre la seconde moitié du récit pour enfin être pleinement embarqué par cette pièce barbare. Une œuvre malade, contaminée, glauque, sinistre, drôle, brutale, sanguinolente, machiavélique et gore. Un théâtre des horreurs. Un spectacle qui opte pour la démesure et l'assume à 100%. Âme sensible vous n'êtes clairement pas à votre place. Terrifier 2 propose un cheminement agressif, excessif, scandaleux et psychotique qui n'accorde aucune place à la morale. En échange, il nous accable d'une accumulation de séquences abruptes et méchantes. Des séances de tortures impitoyables. Une confusion mentale aliénée obsessionnelle et perverse. Une perversion de l'image savamment portée par la cinématographie de Georges Steuber allié à la caméra de Damien Leone qui ne nous épargne aucun détail.


En atteste une séquence névrotique dans laquelle une pauvre adolescente se retrouve victime du clown qui va lui faire vivre un cauchemar. Une hantise schizophrène de plusieurs longues et éprouvantes minutes, où la pauvre fille (encore consciente) se fait couper en morceaux sous les yeux horrifiés de sa mère. Une conduite sadique qui fait le sel de ce slasher à l'ancienne qui retranscrit l'horreur par le biais d'un savoir-faire à l'ancienne. Une forme revenant au génie des conceptions pratiques en matière de costumes et de maquillages sur des décors intéressants. Un excellent travail auquel s'ajoute la composition musicale du duo "Rostislav Vaynshtok - Paul Wiley", qui va conditionner une atmosphère poisseuse maladive. En découlent de nombreuses séquences folles comme lors du fameux cauchemar de Sienna Shaw (Lauren LaVera). Une scène brillante malaisante qui bien entendu vire sur une exécution de masse barbare. Une Sienna Shaw qui va s'illustrer telle une figure iconique d'héroïc fantasy au cours d'un final totalement what the fuck. Une conclusion qui envoie chier la logique pour nous plonger dans un univers psychédélique psychotique. Un trip hallucinogène qui étonnamment réussit à ne pas tomber dans les méandres du nanar.



Le clown érige l'imbécillité au rang d'art. Il vous invite à faire ce que vous voulez, comme vous le voulez, à la seule condition que ça plaise au public.



Une composante fantasmagorique viscérale que l'on doit à l'appropriation « surnaturelle » du récit. Si dans le premier Terrifier on pensait qu'Art était un simple psychopathe déguisé en clown; le final tendait vers quelque chose de beaucoup moins terre-à-terre. Un élément avec lequel le cinéaste va savamment jouer pour cette suite en inscrivant définitivement la saga dans un concept métaphysique fantastique. Un clin d'œil à des titres comme "Halloween" de John Carpenter ou encore "Vendredi 13" de Sean S. Cunningham, qui démarrait sur un tueur en série "humain" qui fatalement finissait par devenir surnaturel. Une composante avec laquelle Leone va intelligemment jouer afin de poser une mythologie à son clown tueur. Une légende nécromancienne où notre Pierrot malfaisant se trouve accompagné d'une divinité diabolique clownesque représentée par une petite fille. De l'aveu du réalisateur, Art n'avait pas réalisé qu'il reviendrait à la vie avant de se tirer une balle dans la tête.


Damien Leone : "Ce n'était pas seulement cette force maléfique, ou quoi que ce soit qui l'a ramené. Je voulais que ce soit un personnage. Donc, au départ, ce personnage allait toujours être une petite fille effrayante pour représenter ce démon, peut-être même Satan lui-même. Nous explorerons cela plus tard."


Une information extrêmement importante qui suggère qu'il doit ses capacités surnaturelles à la divinité malfaisante clownesque. Une entité diabolique effrayante qui devant le massacre perpétré par Art, a dû voir en lui un poulain au potentiel conséquent à prendre sous son aile. La séquence de la laverie est donc le premier moment où elle se montre à celui-ci. Deux personnages malfaisants offrant un duo sinistre d'envergure : « le clown et la petite fille ».


David Howard Thornton est une fois encore terrifiant sous les traits vils d'Art le Clown. Thornton propose une performance démentielle à travers une tronche à faire tomber des têtes. Avec son visage diabolique qu'il agrémente d'expressions faciales exagérées en prenant des pauses inattendues qui déstabilisent le spectateur, Art assume son nouveau statut emblématique cinématographique du genre horrifique. Un psychopathe qui se laisse entièrement porter par la folie. Si bien qu'il a attiré sur lui l'attention d'une entité divine diabolique clownesque surnommée : "Little Pale Girl". Incarnée avec efficacité par la jeune comédienne "Amelie McLain", Little Pale Girl se présente comme l'acolyte miniature d'Art, qu'elle a gratifié du pouvoir de l'immortalité. Elle est un ajout important à la mythologie de Terrifier, et s'avérera certainement primordiale dans le prochain opus. Hâte de découvrir ça. Si le premier Terrifier avait eu la brillante idée de ne pas dresser de personnages principaux afin de maintenir une angoisse permanente autour de la survie de ceux-ci, ici le cinéaste choisit de faire l'inverse. La comédienne Lauren LaVera sous les traits de Sienna Shaw se dresse comme l'ultime rempart devant la folie meurtrière d'Art. L'icônisation de celle-ci est remarquable. Une attention particulière du cinéaste qui tente de faire de Lauren LaVera la nouvelle ''Jamie Lee Curtis'' en tant que Laurie Strode ou ''Neve Campbell'' en tant que Sidney Prescott. La manœuvre est encore possible dans une suite car elle laisse un excellent souvenir de son passage avec sa tenue affriolante et badass. LaVera est accompagné par le jeune comédien Elliott Fullam qui incarne "Jonathan Shaw", son petit frère. Un personnage ambiguë qui laisse présumer un côté psychopathe refoulé. Le reste de la distribution s'en sort plutôt bien mais ne sont rien de plus que de la chair à canon pour le clown psychopathe cannibale.



CONCLUSION :



Terrifier 2 écrit, produit et réalisé par Damien Leone, est une suite implacable qui dresse une mythologie nécromancienne à la nouvelle figure cinématographique emblématique du mal « Art le Clown ». Un slasher radical d'une prouesse technique saisissante autour des costumes et des maquillages qui rendent plus vraies que natures les exécutions barbares. Un train de l'horreur machiavélique qui malgré les trous de rythme et le ton décalé de la finition parviennent à rendre un film presque unique en son genre. Une sacrée pièce qui clairement va diviser.


La saga Terrifier : l'art et la manière d'une conception totalement libre entre les mains de son créateur qui peut se laisser aller à ce qu'il désire. Le vrai cinéma !



Qui grime sa tristesse, en fardant son visage d'un sourire, est un clown qui s'ignore.


Créée

le 31 oct. 2022

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