Après le grand "Sabre du mal" et l'excellent "Samouraï" avec Toshiro Mifune, Kihachi Okamoto sort du chambara pour une comédie policière et absurde qui a du peps, de la subtilité et de la beauté à revendre. Une ambiance de comédie qu'il tentera de rediluer avec parcimonie dans son retour au chambara qui suivra et le non moins recommandé "Kill, la forteresse des Samouraïs".

Mélange glouton d'un peu tous les genres, d'une enquête, de gadgets et d'action avec une louche de Bond, du non-sens par bonnes couches et d'une touche classe typiquement Seijun Suzuki, de l'humour absurde et efficace qui n'est pas sans rappeler la Nouvelle Vague française en général et Pierrot le fou en particulier, en passant par des visages, un noir et blanc et quelques cadrages très Docteur Folamour, voire ajoutez un soupçon de folie à la Jodorowski, le tout baigne dans une sorte d'enquête policière visant à découvrir une guilde de tueurs en série paranoïaques et tout ça se tient très, très agréablement aussi étonnant que ça puisse paraître.

Une mixture intelligente, divertissante, esthétique et par bons moments très drôle, avec un casting bien emmené par Tatsuya Nakadai qui s'amuse avec le réalisateur à dynamiter joyeusement son personnage du héros impénétrable, grimé en professeur de criminologie vieux gars, autarcique et bigleux. Et en plus, ça le gratte toujours entre les orteils, c'est très gênant.

Pour l'accompagner, une pétillante Reiko Dan en reporter plutôt secrète, un excellent Hideo Sunazuka en voleur d'auto dénommé Otomo... Bill ! (scène très drôle de présentation où le voleur tente de subtiliser la 2CV toute pourrie de Nakadai avant de lui faire la morale sur l'insalubrité indécente de sa voiture), et un non moins coloré Esei Amamoto, scientifique japonais néo-nazi de son état, spécialisé dans le contrôle des naissances et le contrôle du taux de population, et entouré d'une clique aussi indescriptible que le scénario.

Kihachi Okamoto n'est pas un Mickey et sa mise en scène est encore une fois très précise et créative. Il parvient à tout mélanger pour recouvrir le tout d'un noir et blanc très classe. Justement, il manque peut-être une ultime finition pour parfaire la profondeur de l'oeuvre dans sa globalité, un peu plus de parti pris alors qu'il s'attaque aux relations secrètes entre nazis et scientifiques japonais et la fin aurait pu être mieux. Mais bon, le film retombe tout de même sur une gourmande mise en abîme du héros solitaire et le caractère ovniesque fait bien plaisir au gosier.

Beau, rythmé, absurde, drôle et loin d'être pour autant débile, conseillé aux amateurs de films originaux.
drélium
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes ....Perles d'Asie 2, ..° Okamoto Kihachi, °Chroniques nippones et ..° Nakadai Tatsuya

Créée

le 27 mars 2012

Critique lue 617 fois

20 j'aime

9 commentaires

drélium

Écrit par

Critique lue 617 fois

20
9

D'autres avis sur The Age of Assassins

The Age of Assassins
-MoH-
7

1 trio de choc & 1 2deuche de compète

Shinji le prof de criminologie affligé de culs de bouteille & d'une démangeaison plantaire, Keiko la pseudo-journaliste & Otomo "Bill" (c'te blague) le voleur de voitures aux goûts de...

le 27 juil. 2023

Du même critique

Edge of Tomorrow
drélium
7

Cruise of War

Personne n'y croyait mais il est cool ce film ! Dingue ! On aurait juré voir la bouse arriver à 100 bornes et voilà que c'est la bise fraîche ! Doug Liman reprend pourtant le concept de "Un jour sans...

le 23 juin 2014

202 j'aime

31

World War Z
drélium
2

Brade pire.

Misérable. Pire film de zombies. Je m'attendais à rien et j'ai eu rien. J'ai même eu plus que rien, ou plutôt moins que rien. Il n'y a rien. Les seules scènes valables sont les trois moments...

le 5 juil. 2013

180 j'aime

66

Requiem pour un massacre
drélium
10

Va et regarde la guerre

Il y a peut-être un micro poil trop de gros plans de visages pétrifiés qui mettent en évidence un fond légèrement binaire comparé à d'autres œuvres plus ambigües et analytiques. Il n'est pas question...

le 26 avr. 2011

175 j'aime

18