Lorsque The Arrival délaisse les balises de son scénario et confronte son protagoniste principal à la menace extraterrestre, il réussit à figurer un cauchemar de la matière qui croise le corps de l’acteur, les masques et déguisements latex et les effets numériques au résultat détonnant parce qu’imparfait : se joue devant nos yeux un bien improbable spectacle, fort laid au demeurant, mais à la bizarrerie visuelle telle qu’il dispose d’un je ne sais quoi de surnaturel, contre-nature. Le film s’affranchit alors de son statut de série B pour donner à voir et à vivre l’invasion extraterrestre comme une zone de turbulences esthétiques : pensons à cette boule métallique qui flotte au-dessus du sol et qui attire à elle tous les objets qui l’environnent, aux brutales désarticulations des jambes (ou pattes), aux suées dues à la fonte de cette seconde peau que l’on finit par arracher à grands cris.
Dommage que ce cauchemar soit constamment court-circuité par les exigences du divertissement le plus canonique qui soit avec sa figure de savant que personne n’écoute, interprété ici par un Charlie Sheen inégal, tantôt juste tantôt excessif et caricatural – le front en sueur, les yeux exorbités, l’air grave… En outre, le film met en place une transmission qu’il semble oublier en cours de route, transformant à terme Zane en héros seul contre tous et le jeune Kiki en vecteur d’un retournement de situation réussi mais simpliste. Car se tenait au cœur de The Arrival la notion de transmission perçue dans sa polysémie fondamentale : les signaux que l’on reçoit, les signaux que l’on émet, l’apprentissage commun de leur déchiffrement ; notion aussitôt installée aussitôt évacuée. Reste un divertissement efficace et bien mis en scène.