"Tout vient à point à qui peut apprécier 1h40 de paysages"

Le cinéma est devenu, au fil du siècle précédant, bien polyvalent, en proposant différentes visions du médium. Beaucoup n'y voient qu'une distraction qui doit faire "rire" à des blagues grasses ou procurer des fausses sensations d'adrénaline à coup de scènes de combats surcutées. D'autres, un moyen de traiter des problèmes sociaux à travers des tragédies plus ou moins larmoyantes. Encore d'autres qui y voient un jouet qui permet de partager leur habilité à jongler entre mise en scène, montage, prises de vues qui démontrent d'un génie certain...


Et on a les personnes comme Hou Hsiao-Hsien, qui filment des personnes parler derrière des draps cramoisis en laissant des silence de 5 minutes entre une question et sa réponse. Vision intéressante que laisse présager sa dernière création (et seule que j'ai jamais vue de lui, je suis un inculte), The Assassin, nommée originellement Nie Yinniang (qui est le nom du personnage principal, mais le titre occidental nous rappelle à nous autres idiots occidentaux que c'est une assassine) qui fait dans le style du Wu xia pian qui est la traduction littérale de "film de héros martial" qui est justifié par les 7 minutes de combat mal filmés... Mais on y reviendra plus bas.


Pour faire court, le scénario est résumable de la manière suivante : Nie Yinniang, interprétée par Shu Qi, est vue au début du film tuer une personne à cheval. Puis doit tuer un père (la seule chose qui le décrivait selon moi) mais se débine devant. Son maître lui demande alors de tuer son frère afin de s'endurcir. Et de ce constat, qui donne lieu à uniquement deux issues assez prévisibles (et qui se termine sur le plus décevant selon moi), j'en ai retenu 3 termes pour le définir : Beau, long, frustant.


Beau et long, je pense que toute personne ayant vu ce film peut vous sortir ces termes (le mot "long" ayant de fortes chances d'être échangé par "chiant") et à raison. Le film est très détendu dans son rythme, très épuré, on épie le moindre mouvement sur le corps des personnages qui posent la plupart du temps, le tout est insinué (enfin pas tout, car laisser un peu d’ambiguïté au spectateur bêta, ouille ouille ouille), tout se joue dans les détails, dans l'observation des réactions... Il prend son temps, et tout le monde ne peut pas le supporter, c'est logique (au point d'avoir des personnes qui expriment des rires immatures au moindre truc qui se passe, dont je me serais bien passé pendant ma séance); On peut surtout le voir dans sa première partie, au moment où le scénario se dévoile très (trop ?) lentement, au point de laisser le spectateur dans une confusion assez dérangeante.


Mais si la mise en scène suivait, ça irait pour les personnes imperméables à l'ennui comme moi. Hors, j'ai mis une note basse comme vous le voyez. Pourquoi ? Parce que j'ai aussi été dérangé par cette dite mise en scène.


En effet, je parlais des combats, excepté qu'ils sont mal fichus : surcutés (je parlais pas que des blockbusters cinématographiques dans mon intro), soit filmés de trop près ou trop loin. La plupart sont quasi illisibles. Et en dehors de ça, la plupart des paysages présentés sont très beaux et mis en valeur, mais on alterne ceci avec des scènes plus banales et longues, avec un grain de filtre assez agaçant, et des discutions inutilement allongées. En somme, frustrant en ce sens.


Du coup, est-ce que vous recommande The Assassin ? Meh. Les paysages font de bon fonds d'écran Windows, mais à part cela, rien qui ne me pousse à vous conseiller absolument ce film, c'est très long pour pas grand chose, c'est pas désagréable (excepté la longueur pour certains) mais c'est pas un film à conseiller à tout le monde.

Honeyxilim
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le 4 févr. 2017

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