/!\ Attention ! Présence de spoilers dans cette critique /!\


J'avoue que je suis agréablement surpris. N'étant pas particulièrement fan du cinéma de Matt Reeves, bien que j'aie apprécié sa manière de reprendre en main la trilogie de La Planète des Singes initiée par Rupert Wyatt, je n'attendais pas cet énième reboot de la saga plus que ça.

Pourtant, bien qu'il ne s'agisse pas du meilleur Batman, force est de constater que nous avons peut-être affaire au meilleur premier film de la saga.


Déjà, j'apprécie la manière dont Matt Reeves s'est approprié l'univers, ce juste milieu entre le crédible et la totale fidélité aux comics. Contrairement à un Nolan qui n'en avait que faire de Gotham (du moins une fois Begins terminé) et contrairement à un Burton qui nous mettait en face d'un Gotham très (trop) proche de celui des comics, mais qui manquait de crédibilité une fois à l'écran ; Reeves est arrivé à trouver le "juste milieu" en construisant un Gotham néogothique, qui serait tout de même arrivé à évoluer avec son époque.

C'est aussi le cas du personnage principal, bien plus présent que le Batman de Burton, qui s'effaçait complètement au profit des méchants, mais aussi moins ce côté "CRS-Chauve-souris.


Mais en réalité, Reeves est allé bien plus loin que de juste trouver le juste milieu. En fait, les différents personnages, Batman y compris, ont un côté plus "prolo", comme si la ville avait réellement déteint sur eux. La tenue de Batman est crédible, donnant l'impression qu'elle provient d'un assemblage de pièces disparates, la tenue de Catwoman encore plus. Cependant, je crois que ce qui rapproche le plus le film du réel est la batmobile ; on conserve le côté "véhicule sophistiqué", mais on s'éloigne de l'habituel tank de la saga : ça ramène le véhicule au réel (et en plus, elle cale dès son premier démarrage).


Concernant le traitement du Batman, ô surprise, on nous rappelle qu'il s'agit d'un détective : ce que les réalisateurs avaient tendance à oublier jusqu'à présent. Batman consacre donc autant de temps à mener l'enquête qu'à casser des gueules. D'ailleurs, même quant aux cassages de dents, on nous rappelle qu'on a affaire à un être humain, qui peut lui aussi se faire péter la gueule à quelques reprises. Ici, Batman n'est clairement pas invincible.


Reste enfin la photographie (encore une fois, Greig Fraser est au top) qui permet à la saga de s'offrir certains de ses meilleurs plans, que ce soit lors de la course poursuite avec le Pingouin, ou encore lors de la scène de sauvetage à la fin, avec le rouge pour seule teinte (le film joue d'ailleurs beaucoup sur l'ambivalence de cette couleur).

Matt Reeves s'est très clairement inspiré du cinéma d'Hitchcock et de Fincher. L'introduction rappelle instantanément Fenêtre sur Cour et la scène de fuite du commissariat rappelle quant à elle Vertigo. Bon après, je ne vais pas m'attarder dessus tant il y aura d'exemples à donner, mais les références les plus implicites sont clairement Seven et Zodiac, suffit de constater l'omniprésence de la pluie et des messages codés pour s'en convaincre.

D'ailleurs, j'aime la façon de dissimuler des ailes de chauves-souris un peu partout durant le film, notamment sur le visage de Gordon lors de l'enquête dans le bureau du maire.


Malheureusement, le long n'est pas parfait. Le film pèche malheureusement au niveau de son scénario et de l'utilisation de certains de ses personnages. Alfred (Andy Serkis) est par exemple beaucoup trop absent (dans une interview, Matt Reeves indique que des entraînements au combat entre Bruce et Alfred devaient avoir lieux), et il manque quelque chose à James Gordon (Jeffrey Wright) pour que l'on croie réellement à son lien avec Batman.

Aussi, si j'adore le personnage du Pingouin (campé par un Colin Farrell tellement méconnaissable qu'on est en droit de se demander pourquoi l'avoir pris lui et non directement un acteur plus imposant), ce dernier disparait une fois arrivé au dernier tiers du film ; Matt Reeves nous indique très clairement qu'en cas de suite le personnage fera son retour, mais j'ai tout de même eu l'impression de voir le réalisateur se débarrasser de son personnage.


Aussi, si je trouve l'homme mystère (Paul Dano) excellent, notamment grâce à son allure de Monsieur Tout-le-monde, je trouve dommage cette volonté d'antagoniser encore plus le personnage lors de son acte final. Ce qui était intéressant avec lui, c'était le côté "justicier alternatif", le fait que le personnage souhaitait rendre la justice, de manière violente certes, mais s'en prendre à des mauvaises personnes avant tout… et v'là que cette dernière demi-heure arrive, et fait de ce méchant un énième taré voulant détruire Gotham tout en s'en prenant aux personnalités politiques parce que "tous pourris", diantre que c'est original ! On croyait en ce personnage, mais malheureusement, une fois arrivée à la fin, on n'y croit plus du tout.


Même Batman est concerné par ce défaut. Je trouve décevant le fait de nous teaser un Thomas Wayne corrompu durant un moment, pour désamorcer ceci juste après. C'est l'une des rares choses que le Batman de Telltale réussissait (bien que ce soit déjà présent dans certains comics), et de surcroit, cela aurait renforcé le lien avec Catwoman, créé un certain parallèle entre les deux personnages, cette dernière se trouvant être la fille de Carmine Falcone.

Heureusement, je n'ai absolument rien à reprocher à cette dernière, Zoë Kravitz étant parfaite dans le rôle.

À noter d'ailleurs que Bruce Wayne était assez peu présent dans le film ; j'ai l'impression que cela témoigne d'une certaine humilité de Robert Pattinson. D'habitude, les acteurs incarnant Batman ont la fâcheuse tendance à vouloir plus apparaître en tant que Bruce Wayne que Batman (coucou Christian Bale). Ici, Bruce Wayne se cache, il vit reclus, encore plus qu'un Carmine Falcone pourtant parrain de la mafia. On s'éloigne de l'homme beau, intelligent, musclé, cool et qui a tout réussi.


Résultat ? Pas un film parfait en somme, ni le meilleur Batman… mais encore une fois, il s'agit selon moi du meilleur premier film concernant la chauve-souris. Les bases sont posées, certains personnages mériteraient à gagner en importance, en consistance, mais tout est là pour faire d'un potentiel The Batman 2 un excellent long-métrage.

MacCAM
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le 19 août 2022

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MacCAM

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