Espoir, Déception : deux ennemis qui s’entendent très bien ensemble.

Bon, je vais peut être me montrer un brin sévère avec ce film, qui n'est pas honteux, mais qui possédait un terrible handicap ; il m'a été très clairement sur-vendu. Que ce soit par la presse ou les critiques anonymes du public ; on en a fait des caisses... pour pas grand chose au final. Pour un sous-Dark Knight très dispensable qui n'apporte rien à la Saga.


Expédions rapidement le positif : c'est beau, c'est techniquement assez irréprochable. Il y a du taf au niveau cadrage, lumière, atmosphère, musique/son... Tout cela contribue à lui donner une patte, un style. Du coup on est au dessus de la bouillie routinière et sans âme de Marvel, certes. Mais suffit-il de faire mieux que Marvel pour être bon? Non, ce serait trop facile. Je n'ai pas de haine contre les films Marvel, car la haine est un sentiment fort que cette franchise ne mérite pas, mais on m'aura compris.
Le personnage de Catwoman était plutôt pas mal. Et pourtant c'est celui sur lequel j'avais le plus d'a priori au niveau de sa crédibilité et de son intégration à l'intrigue. Mais au final, j'ai trouvé que c'était celle qui s'en sortait le mieux. L'actrice est bonne (sans mauvais jeu de mot aucun) tant dans ses passages d'action que dans les scènes plus posées.
Voilà pour les plus...


Quel est le problème avec ce film alors?...
Bin, pour commencer, ils ont voulu aller dans un délire enquête policière. En soi, pourquoi pas ; c'est une excellente idée. Batman est censé être un grand détective askip' et ça n'avait été que très légèrement effleuré (au mieux) dans les autres films. Il était donc très bien vu de prendre cette direction. Il semble que l'inspiration ai été "Seven" de Fincher... Alors avoir des inspirations, c'est cool, mais il faut avoir les moyens de ses ambitions. La prochaine fois, visez moins haut les gars. L'enquête est plus plate qu'une limande.
Le côté "meilleur détective du monde" dont on m'a rebattu les oreilles est totalement aux abonnés absent ; Batou ne résout rien qu'un gamin de 15 piges ne pourrait résoudre et il semble tout le temps largué (c'est même Alfred, Catwomen, le Pingouin, Falcone, Gordon, le vendeur de Bretzel du coin etc. qui sont obligés de lui apporter des réponses et des solutions à chaque fois). Du coup, même dans The Dark Knight, le côté enquêteur, pourtant très discret, est mieux branlé. Les énigmes de Monsieur "?" (oui je l'appelle comme ça, et alors?...) sont nullissimes. Le climax sur le mystérieux criminel qui tire dans l'ombre les ficelles de la corruption et du crime nous révèle qu'en réalité, le coupable était (suspense suspense) :


bin le chef de la Mafia qu'on nous présente depuis le début du film comme le parrain de la pègre de Gotham! Quelle surprise! Je n'avais pas eu un tel choc depuis le Colonel Moutarde dans la cuisine avec le chandelier!


En soi ça poserait pas trop de problème si le film ne s'était évertué pendant trois plombes à nous faire monter tout un "bild up" sur cette question, avec un complexification totalement artificielle de cet aspect enquête/mystère.


Au passage, le film est ponctué de pas mal d'incohérence et/ou de situations à la crédibilité douteuse, qui, sans être totalement impardonnables, nous chatouille un peu niveau suspension d'incrédulité.
En vrac, je citerais la scène d'ouverture où les caïds ne reconnaissent même pas le Batman, alors que celui ci sévit en ville depuis deux ans et nous explique conjointement dans une voix off de Rorschach du pauvre, qu'il est l'ombre qui fait flipper tous les criminels... Paye ta logique.
Il y a aussi cette histoire de lentille connectée, qui est désactivée et qui revient à la vie fort à propos pour faire avancer l'intrigue.
Les Flics qui transportent le Batman inconscient depuis une Eglise jusque dans une salle spéciale du commissariat et attendent que ce dernier se réveille pour être soudainement pris d'envie de lui enlever son masque, comme c'est pratique.
Le coup du climax où c'est sans doute moi qui chipote mais bon,


Gotham a tellement été mis en parallèle avec New York (jusque dans son "Gotham Square Garden"), que je la voit en New York. Et désolé, j'ai du mal à concevoir que il suffirait de faire sauter 5-6 bombes à des points stratégiques pour couler NYC sous la flotte (mais peut être me trompe-je), du coup, j'ai du mal à l'accepter pour Gotham. D'autant que le truc sort de nulle part (par opposition au plan de Rasalgul dans Begins par exemple qui avait été bien mieux préparé en amont). Et puis en restant dans ce thème, désolé mais je ne comprends ni pourquoi ni comment, dans une ville surpeuplée et remplis à raz bord de gratte ciel, un pauvre stade de basketball de 46 mètres de haut serait l'unique planche de salue....


J'ai pas trop compris non plus en quoi, à la fin, Monsieur "?" (qui cabotine tout son saoul de façon parfois assez malaisante je dois dire)


avait "perdu" la partie et était bougon... Certes, Batou a fait un peu de travaux d'intérêt généraux et a compris dans son petit coeur que péter des mâchoires, c'est fun, mais que faire un peu d'humanitaire, c'est sympa aussi, certes, la gentille mairesse s'en ai tiré sans trop de casse (elle a seulement prit un tir de Sniper en plein ventre, rien de bien méchant), mais bon, son plan s'est globalement réalisé, il a mouillé les pieds de tout le monde et probablement, au vu des images, tués des centaines de quidam dans l’opération (ce que le film s'est bien sûr bien gardé de montrer trop frontalement, mais quand même). Du coup, c'est quoi son problème en fait? Bin non, j'ai pas compris....


Ajoutons à ça que c'est inutilement long et pas toujours super palpitant, aucune scène ne m'ayant vraiment scotché à mon siège (bon allez, celle de l'Eglise était pas mal quand même, j'avoue)


Enfin, on nous avait promis, à grand renfort de comm' et d'influenceur plus ou moins honnête (plus moins que plus), le Batman le plus "sombre, dark, cinglé, violent".... Et bin je cherche encore.
Bruce, nonobstant son look Emo, n'est pas spécialement plus hardcore, dérangé, borderline ou quoi-qu'est-ce que dans les autres films (au contraire, j'ai trouvé l’interprétation de Ben Affleck dans BvS, indépendamment de la qualité du film lui même, nettement plus "énervée" et je ne parle même pas du Batman de Burton qui tuait des antagonistes à la chaine sans même s'en émouvoir...).
Certes dans ce film, l'intrigue le touche plus personnellement que dans les autres, certes Patinson (dont je trouve les épaules un brin frêle pour le rôle malgré ses qualité d'acteur par ailleurs) fait la gueule H24 là où les autres arrivaient à simuler la bonne humeur de temps à autre pour donner le change en public, mais c'est tout. Pas de quoi faire bouger l'autre en touchant l'une.
Il n'y a aucune scène un peu choc. Le plus "crade" étant un doigt coupé. Le reste est super soft et familiale. Pas de sang, pas plus de débordement moral de Batman que ça (le plus borderline étant entièrement contenu dans les trailers promotionnels et se limitant à un enchainement de patates un brin excessif). Ah oui et aussi,


aucun put**** de mort. Tout le monde s'en sort comme une fleure, que ce soit Alfred, la gentille Mairesse et même la probité des parents de Bruce que le film a vaguement voulu questionner avant de se rappeler qu'il n'avait pas les cojones d'aller si loin..


Du coup, l'impacte émotionnel flirt avec l'encéphalogramme plat ce qui n'aide pas à digérer les trois heures de films. Et non, je n'ai rien contre les films long, au contraire, quand on est émotionnellement impliqué, plus c'est long, plus c'est bon (en vrac j'adore et je peux dévorer des Spartacus, Watchmen, Danse avec les Loups, SdA... qui durent aussi une plombe), mais là, non, on se fait un brin chier...


Non, autant on sent une certaine patte artistique sur le plan formelle. Autant pour le reste, ça demeure un sous Dark-Knight (beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses y sont repompées en moins bien, que ce soit l'antagoniste, son face à face avec Batou, la course poursuite, la plongé dans la pègre, la vidéo de meurtre diffusée à la TV etc...) qui veut faire du Fincher façon Seven mais qui ne fait au mieux que du Fincher façon The Game...

Broutchlague
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le 5 mars 2022

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Broutchlague

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