Devant la machine Disney, qui produit à la chaîne des produits lisses et sans la moindre once d'âme ou de démarche artistique, DC tente autre chose... mais DC ne cesse de rater.
La faute aux cinéastes qui prennent les commandes.


Pour Joker, pensé comme un film "indépendant" de tout univers étendu, voire classé par certains comme un "film d'auteur", le choix du réalisateur de Very Bad Trip pouvait laisser songeur. Il en ressort un film manichéen et poussif, sur un personnage qui fait de la peine au lieu de représenter le chaos, avec un message politique artificiel et des passages malheureux, comme cette version "Wish" du twist final de Fight Club avec la voisine de palier d'Arthur, sans oublier le montage fatiguant et sur-explicatif pour alourdir le tout.
DC retente avec The Batman. L'objectif est maintenant clair : film d'auteur, violent, sombre et déconnecté du reste, pour faire un doigt d'honneur à Marvel. Pour la police du titre, si nous mettons de côté la couleur, cela peut nous refaire penser à Joker, même la manière dont cela s'affiche sur l'écran. La première scène m'a agréablement surpris, expérience voyeuriste à la première personne sur du Schubert, puis meurtre avec une mise en scène réfléchie. J'y croyais.
Malheureusement, la désillusion arrive. Les causes ?
- Une voix off sur-explicative qui surligne ce qu'une bonne mise en scène suffirait à transmettre. Voir des délinquants s'enfuir devant le moindre recoin sombre, de peur que le Batman en surgisse, ça suffisait. Pas besoin d'entendre par-dessus Bruce Wayne nous dire "ils ont peur de l'ombre, ils ont peur que j'en surgisse"... ça va, on a pigé. Cette scène sans la voix off aurait été bien meilleure. C'est également la même chose pour la fin et le discours cliché sur l'espoir.
- Des passages obligés de films hollywoodiens à gros budget, dont une histoire d'amour entre le Batman et catwoman, qui n'est absolument pas concevable. Rien ne passe pas la mise en scène, rien ne passe par les dialogues, les rencontres entre les deux sont furtives. Dès la première interaction entre ces deux personnages, nous nous tapons le fameux plan où ils se battent pour qu'ils finissent avec les visages très près, nous faisons croire que la suite logique serait un baiser, vous voyez? C'est agaçant. D'ailleurs, afin d'assurer une rentabilité aux films j'imagine, la violence promise par la publicité reste "propre", pas une seule goutte du sang.
- Des scènes charcutées au montage, dont la course-poursuite avec le pingouin. Je mets au défi quiconque de comprendre quelque chose. Même Christopher Nolan qui a la réputation de filmer l'action avec peu d'impact a parfaitement compris comment filmer la course-poursuite dans The Dark Knight, donnant une scène intense. Ici, le réalisateur de Cloverfield n'est pas à la hauteur. Encore une fois, cela ne rend pas service à l'intensité du film. Rien n'est percutant.
- Des facilités dans l'avancée de l'enquête qui peuvent faire lever les yeux au ciel. Je pense au coup de la moquette vers la fin.


Le film plaira, c'est sûr. Certaines scènes sont convaincantes, par exemple celle de l'enterrement assez effrayante. Mais non, ce n'est pas encore ça.
Mais la prochaine fois qu'on nous promet un film violent, non convenu et marquant, exigeons un film violent, non convenu et marquant !
Reste un Robert Pattinson bon dans le rôle, mais un bon acteur ne peut pas sauver tout un film.

Créée

le 13 mars 2022

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