On va espérer qu'avec The Batman, un tournant puisse s'opérer dans le cinéma superhéroique américain et qu'il amorce une ère nouvelle, moins décérébrée. Il s'agit là véritablement d'un "grand" film où la forme dispute le fond, écrit avec du cinéma.
Car la chauve-souris vampirise et cette vampirisation est une marque consciente de nos imaginaires. Tout d'abord, la magnifique scène d'ouverture, clin d'oeil appuyé au Halloween de Carpenter, point de vue de l'assassin, mise en abîme de la propre histoire de Batman. La nuit des masques peut débuter, à savoir qui est qui, qui cache quoi, qui voit quoi et à travers les yeux de qui, jeux de dupe, hypocrisie, corruption, faux semblants, flous : cinéma ! Et ce n'est que pour mieux entrer en résonance avec nos propres sociétés perverties. Il est donc logique d'avoir un Gotham sombre, sale, pluvieux, conséquence d'une industrialisation forcenée. On pense évidemment aux films de Fincher, à Seven, à Zodiac. Cependant l'ombre référentielle ne serait-elle point celle des Watchmen BD culte de Gibbons/Moore ? Quel plaisir de voir un Batman en freak, en vigilant assumé, mal considéré. En cela il forme un véritable duo avec the riddler, l'un étant davantage une brute épaisse, l'autre un stratège machiavélique, des monstres à part noyés dans des idéaux de justice et de rendre justice, jusqu'à cette superbe scène de confrontation où leurs chemins vont se séparer car oui

ce n'est pas la même chose d'être orphelin dans un manoir que dans un dortoir

car oui, ce n'est pas la même chose d'avoir un costume ultratech et une cagoule !
C'est d'ailleurs à partir de ce moment que le film bascule (à plus des 3/4), enchainant plusieurs poncifs : séparation Batman/Catwoman, démence du riddler, rédemption judéo-chrétienne de Batman, amorce pour une suite (à ne pas espèrer)...
Bref, à part cette fin en mauvaise pente, c'est une très belle surprise que ce mastodonte cinématographique, qui sait alterner de très bonnes scènes d'action/baston et des scènes de dialogue et d'atmosphère, qui sait prendre le temps et construire un récit plus complexe qu'il n'y parait, qui désacralise, s'appuie et renouvelle cette figure mythique mondialisée du Batman, servi de surcroit par un travail photo remarquable (notamment ce jeu avec l'eau et les flous) et une belle brochette d'actrices et d'acteurs.

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William_lee
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le 13 nov. 2022

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william Lee

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