The Big Fix
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The Big Fix

Film de Jeremy Kagan (1978)

Règlement de comptes avec le passé.

En 1978, Richard Dreyfuss était une superstar. Il surfait sur les triomphes de American Graffiti, Les dents de la mer et Rencontres du 3eme type, ainsi son Oscar obtenu pour Adieu je reste. En bref, il est intouchable, et il va jeter son dévolu sur un personnage de roman, Moses Wine, tiré d'une série de romans policiers signés Roger L.Simon. Universal va se faire une joie de sortir le film, et ça va être un bide monstrueux qui va faire déchoir de son piédestal Richard Dreyfuss.


Contrairement à ce que l'affiche laisse supposer, nous ne sommes pas dans un film policier où l'acteur va jouer constamment du flingue. Celui-ci joue un détective privé à la ramasse, un gosse d'une trentaine d'années, vivant sur ses convictions de gauchiste au lycée dans les années 1960, et dont la vie se résume en gros à jouer au Cluedo tout en fumant des joints. Un jour, une ex va venir le chercher afin de retrouver son candidat au poste de gouverneur en Californie. Mais cette simple disparition va en fait cacher quelque chose de plus important.


Quand on voit ce film, il est difficile de ne pas penser au Privé de Robert Altman dans le sens où le personnage de Dreyfuss a l'air complètement décalé, constamment au second degré, avec son plâtre à la main droite qu'il ne quitte, et pour cause, l'acteur s'est réellement cassé le poignet avant le tournage ! Mais sous couvert de son immaturité, qui est avec ses deux enfants comme un copain plus qu'un père, c'est un personnage souvent attachant, chevillé au corps par ses convictions politiques, et qui garde des sentiments pour celle qui est venue le chercher, la très belle Susan Anspach. D'ailleurs leurs scènes communes sont souvent prompts à une tendresse, une mélancolie, qui va basculer peu à peu vers un thriller où va se profiler la menace d'attentats.
Il est difficile de parler du film sans trop dévoiler, mais celui-ci est fort bien emballé avec des plans saisissants sur Los Angeles en 1978, et une musique assez étonnante de Bill Conti, parfois hors contexte, qui a l'air de s'emballer pour de simples scènes assez calmes.
Dans le casting, on peut rajouter aussi l'épatant John Lithgow, Murray F.Abraham, et une apparition très drôle de Mandy Patinkin, pour son premier rôle au cinéma, qui incarne un nettoyeur de piscine qui a l'air complètement à la ramasse.


Le bide de The big fix fait que le studio l'a totalement enterré, ainsi que la série de films dont le personnage aurait pu faire l'objet, sans oublier que ça sera le début de la fin pour Richard Dreyfuss, pourtant excellent dans ce rôle débonnaire malgré ses cheveux frisés. Pourtant, c'est clairement à voir, plus profond qu'il n'y parait, car il annonce quelque part la fin de quelque chose au niveau politique, et l'arrivée d'un certain conservatisme dont le personnage de Moses Wine semble totalement dénué.

Boubakar
7
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le 6 déc. 2020

Critique lue 307 fois

6 j'aime

Boubakar

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