Phénomène amusant de découvrir un film qui parle de jeunes, de mode et de célébrités. Amusant car je ne rentre dans aucune de ces catégories. On peut dire que mon adolescence est loin derrière moi maintenant. Je suis incapable également de vous ressortir le nom des marques présentes dans ce film (je n’ai pas lu « la mode pour les nuls » dernièrement). Enfin, je n’ai participé à aucune télé-réalité et je n’ai pas fait de découverte scientifique, choses qui prouvent mon total anonymat. Partant de ce constat là, l’expérience relève plutôt de la curiosité que du fanatisme.

Il y a deux manières d’apprivoiser cette histoire d’association de malfaiteurs juvéniles branchés. Tout d’abord sociologiquement. Le personnage central est montré comme seul, démodé sans grande confiance en lui (il le dit d’ailleurs lui-même dans une confession thérapeutique). L’histoire va finir par démontrer son évolution comportementale au gré des rencontres d’autres jeunes bien plus inscrits dans les rouages de la popularité lycéenne. De ce point de vue là, on peut admettre que la transformation personnelle est une réussite. Si ce regard est porté par un jeune (amis, fête, rencontres) la tentation est quasiment inarrêtable, sociologiquement parlant. Par contre si on constate ce changement en étant adulte, le résultat risque de ne pas vraiment nous plaire car les enjeux de l’adolescence sont différents (réussite scolaire, avenir prometteur…). Génération quand tu nous tiens.

Cependant, si on prend cette histoire avec un regard critique, la réalité dépeinte est affligeante et consternante. L’apparence dirige les relations humaines comme un processus éliminatoire. Si elle n’est pas considérée comme convenable vous êtes écarté du groupe et laissé à l’abandon. Cette tentation existe mais est très illusoire. Notre personnage principal perd toute notion de responsabilité et de réalité. L’affaire est plus vue comme un amusement ou un hobbie et non comme une entreprise criminelle. L’inquiétude est bien là. Ce gang ne se rend pas compte des conséquences et partage le goût du secret et de la richesse matérielle. Le film insiste beaucoup sur la notion de spectacle et de mise en scène (photos, publication sur les réseaux sociaux). C’est une bande de jeunes qui souhaite se faire observer et admirer, faire des envieux et appartenir à une caste posée sur un piédestal. Jeunesse aisée apparaît ici bien inutile et hypocrite. Les plaidoyers de la fin sont bien là pour en témoigner.

Au final on peine à se faire une opinion cinématographique. J’ai surtout eu l’impression d’assister à un défilé de mode grandeur nature sur fond de musique abrutissante. Un essayage de vêtements, de chaussures et de bijoux. On aurait dit qu’on feuilletait un catalogue de La Redoute pour articles de mode. Je n’étais pas vraiment dans mon élément, comme si j’étais en jogging dans une réception de smokings. L’histoire est beaucoup trop linéaire à mon goût. La fin relève néanmoins l’ensemble car c’est ici qu’apparait à la lumière du jour les véritables comportements des protagonistes. « The Bling Ring » est inspiré de l’article « les suspects portaient des Louboutin » de Vanity Fair. Pour vous dire mon ignorance masculine, je ne sais même pas ce que sont des Louboutin. Vraiment mais où va le monde !
Guillaume_Dupuy
5
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le 20 juin 2013

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