The Damned
5.6
The Damned

Film de Thordur Palsson (2024)

Un film qui voulait parler du salut, et qui s’est perdu dans le brouillard.

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The Damned, c’est un film qui gèle avant même d’avoir commencé. Un de ces récits où tout paraît suspendu… dans le froid, dans la peur, dans le silence. Thordur Palsson filme la mort comme on filme la mer : avec lenteur, avec respect, mais aussi avec une sorte de complaisance funèbre qui finit par tout engourdir. L’idée de départ est pourtant magnifique : une veuve, isolée dans un village islandais du XIXe siècle, confrontée à un navire étranger qui s’échoue, et à ce dilemme — sauver les survivants, ou préserver les siens. Un film sur la culpabilité, sur la morale, sur le poids de Dieu dans les ténèbres. Mais à l’écran, ça s’étire. Ça tourne en rond. Odessa Young est impeccable, oui, elle a cette dureté dans le regard, cette lassitude d’animal traqué. Mais elle joue presque seule. Joe Cole, perdu, fantomatique, traverse le film sans laisser de trace. Et les autres… des ombres. Des voix soufflées. Des corps glacés dans la brume. On a l’impression d’assister à un rituel plus qu’à un drame. Le film aurait pu être une parabole sur la survie, sur la foi, sur la frontière entre l’humain et le monstrueux. Mais Palsson filme tout avec la même distance. Chaque plan est beau — trop beau. Trop composé, trop figé. L’image se regarde elle-même. Les flocons tombent comme dans une peinture qu’on ne voudrait pas salir. Et le spectateur, lui, se refroidit à mesure que le film avance. La musique, ou plutôt son absence, crée un malaise… au début. Puis une fatigue. On attend une montée, un frisson, quelque chose — rien ne vient. Juste le vent, la glace, les visages. C’est lent, c’est gris, c’est triste. Et ça ne raconte plus rien. On sent ce que le réalisateur voulait faire : un cinéma sensoriel, spirituel, quelque chose entre Dreyer et Eggers. Mais sans le souffle, sans la foi. The Damned est hanté, oui, mais par sa propre inertie. Par un vide qu’il confond avec la profondeur. Reste la photographie, splendide. Ces visages éclairés à la chandelle, ces plans d’horizon où la mer et la neige se confondent — c’est superbe. Mais à quoi bon, quand on ne ressent plus rien ? Quand la beauté devient une prison ? Alors on sort de là, glacé, un peu triste, un peu frustré. Comme si on avait contemplé un tableau pendant trop longtemps. Un film qui voulait parler du salut, et qui s’est perdu dans le brouillard. Ma note : 8 sur 20.


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Le-General
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il y a 2 jours

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