Neil Marshall frappe un grand coup après le déjà satisfaisant Dog Soldiers, avec ce huis-clos étouffant, véritable survival oppressant qui rappelle un peu Délivrance mais sous terre. Il réunit un casting 100% féminin de jeunes actrices inconnues pour une expédition spéléologique dans les Appalaches, mais qui vire au cauchemar. C'est un film d'horreur qui frôle le gore par endroits, enfin horreur c'est beaucoup dire, je préfère le qualifier de film d'angoisse ou de suspense viscéral tellement c'est prenant et immersif, voire même limite traumatisant, car ici, rien n'appelle le rire ou le sourire comme dans les slashers où un type dérangé vous charcute des ados débiles, non ça sent le vrai, la vraie peur qui vous prend aux tripes.
En dépit de certains effets gratuits, comme quelques jumpscares inévitables, c'est d'une efficacité redoutable, parce que le réalisateur se sert du matériau simple qui est le décor unique ajouté à un côté primitif qui joue sur plusieurs phobies : la peur du noir, la peur du vide, la claustrophobie, la panique de rester coincé, la saleté et le côté glauque des grottes... tout ceci génère une peur viscérale, une putain de trouille bleue qui ne vous lâche pas, extrême et agressive.
En même temps, le réalisateur explore la nature humaine qui est poussée dans ses derniers retranchements face à cette peur, obligée de retourner à cet instinct primitif, sauvage et animal que l'on possède en chacun de nous. Le début passe heureusement assez vite pour présenter les filles, mais dès qu'elles descendent dans la grotte, ça n'arrête plus, Neil Marshall fait monter la tension doucement, tout en crescendo, et qui sera continuelle dès que les filles seront confrontées avec les créatures visqueuses et crades de ces profondeurs. Marshall les montre peu, et on ne sait rien d'elles, on ne sait ni comment ni pourquoi elles vivent dans cette obscurité à cet état bestial.
Filmé sans aucune lumière naturelle, le tournage a été un vrai challenge pour éclairer les scènes, mais Marshall a crée une ambiance d'obscurité réussie et flippante ; les décorateurs avaient construit plusieurs plateaux de grottes dans les immenses studios de Pinewood, et le refus d'utiliser le numérique pour les créatures a permis un rendu impressionnant qui accentue l'angoisse, ce sont de simples acteurs avec des prothèses, d'où une meilleure réactivité des actrices qui n'ont pas un fond vert devant elles. Tout ceci participe à la réussite de ce film dont la fin appelle une suite qui reste inférieure à son modèle. Pour amateurs de sensations fortes.

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le 3 nov. 2017

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Ugly

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