The Divide débute sur une vision d'apocalypse, la ville de New-York qui s'embrase sous les yeux larmoyants d'une jeune femme pétrifiée devant une fenêtre. Le feu atomique semble se propager vers son immeuble et la jeune femme est bientôt emportée dans la cohue d'habitants qui se pressent dans les couloirs et les escaliers du building. Quelques-uns se réfugient alors dans l'abri-atomique du concierge lequel garde pourtant jalousement son refuge. S'il en laisse entrer quelques-uns, il ne tarde pourtant pas à fermer la porte sur une nouvelle vague de gens apeurés, les condamnant de la sorte à une mort certaine. On découvre ensuite ce qui sera la principale unité de lieu de l'intrigue, l'abri dans lequel se toisent plusieurs survivants. Il y a là la silencieuse Eva, cette jeune femme que l'on nous présentait dès les premiers plans, son timide compagnon, deux frangins frimeurs, une mère et sa petite fille, et trois autres hommes dont Mickey, le gardien de l'immeuble et propriétaire de l'abri, un homme rustre et vindicatif qui vocifère continuellement contre ses compagnons d'infortune. Ce dernier interdit tout d'abord à quiconque d'ouvrir la porte d'entrée de l'abri sans son autorisation et décourage rapidement ceux qui veulent fuir en leur décrivant les effets de la poussière radioactive sur l'aspect des survivants de Nagasaki et de Tchernobyl. Selon lui, dans une explosion nucléaire, les plus chanceux sont ceux qui meurent dans l'explosion. Evidemment la tension monte crescendo au fil des heures et chaque habitant se figera dans la même expression de surprise et de peur lorsque la porte métallique de l'abri s'illuminera sous l'effet d'un chalumeau extérieur qui la découpera pour laisser entrer...


Suffit le spoil !!! Okay... The Divide se présente donc comme un survival post-apocalyptique sous forme de huis-clos, doublé d'une étude des dérives de la psyché en milieu fermé. Sur un postulat finalement ultra-simpliste, Xavier Gens suit la dégénérescence de son groupe de protagonistes en les filmant sous tous les angles, sa caméra ultra-mobile inspectant chaque recoin de son très beau décor pour découvrir rapidement la topographie du lieu via de multiples plans larges, travellings et autres plans-séquences. Mais aussi bien cadré puisse-être le film, ces mouvements incessants de caméra sont à double-tranchant : cette approche stylistique finit hélas très vite par annihiler le sentiment d'enfermement, le refuge ressemblant dès lors plus à un sordide labyrinthe qu'à un authentique abri sous-terrain. Pour autant cette manière de cadrer permet au réalisateur de donner un peu plus d'épaisseur à ses personnages, finalement archétypaux à l'extrême, en les confrontant les uns aux autres au cours d'une intrigue franchement inégale. Ici, les conflits personnels dégénèrent au fil des minutes et des jours et nos encagés en arrivent très vite à s'entre-déchirer sans la moindre surprise.


Si le film déçoit c'est donc surtout dans son scénario : l'intrigue finit rapidement par tourner en rond tout comme les personnages d'ailleurs et la situation dégénère jusqu'à l'absurde dans la seconde moitié du film. Pire, les scénaristes ouvrent des perspectives narratives qu'ils referment aussitôt (?), ceux qui ont vu le film savent de quoi je veux parler.


Quid des soldats à l'extérieur et de leurs expériences sur les enfants kidnappés ? Le script abandonne cet élément sans nous donner le moindre élément de réponse, comme si le scénariste après s'être aperçu qu'il ne pourrait pas développer plus cet élément du script l'a finalement abandonné sans prendre la peine de ré-écrire l'ensemble. On en revient donc aux conflits des réfugiés dans leur bunker et la déliquescence de leurs rapports, uniquement prétexte à verser dans la provocation caricaturale, effets gores et situations malsaines à l'appui. Fidèle à sa réputation, Gens ne se prive pas d'aligner les scènes trash jusqu'à la nausée (viol, démembrement d'un cadavre, torture, visite d'une fosse septique...). Le tout s'acheminant trop lentement vers un épilogue qui nous laissera tout aussi paumé que son personnage en scaphandre. Aucune révélation finale, rien qu'une fin ouverte...


Certes, il serait malhonnête d'enfoncer le film plus que de raison, d'autant que Gens instaure une atmosphère apocalyptique du plus bel effet que ce soit dans cette tétanisante séquence d'ouverture ou dans cette atmosphère délétère emplissant progressivement le refuge des protagonistes. N'oubliant jamais la situation initiale, le réalisateur distille habilement quelques indices sur l'irradiation possible de certains personnages (des cheveux qui s'arrachent par mèche, des gencives sanglantes). Au point que le doute subsiste quant à la dégénérescence mentale et physique de certains d'entre eux, causée soit par l'enfermement prolongé, soit par leur irradiation. Cette dévolution des protagonistes évoquerait presque par moment celle des Chrosômes du jeu vidéo Bioshock, du moins certains éléments m'y ont beaucoup fait penser.


Niveau interprétation, les acteurs sont plutôt convaincants, ce qui n'est d'ailleurs pas la moindre des gageures au vu des stéréotypes qu'ils incarnent. Si Lauren German arrive à exister face à une distribution riche en seconds couteaux tels que Milo Ventimiglia, Courtney B.Vance ou encore Rosanna Arquette, c'est bien Michael Biehn qui s'impose un cran au-dessus des autres, l'acteur livrant ici l'une de ses meilleures prestations dans le rôle du vindicatif Mickey, ancien bidasse à l'allure bad-ass, rongé par l'échec de sa vie de couple.


Au vu de ces qualités, il est donc dommage que The Divide pâtisse d'un scénario sans réelle ambition, consacrant l'essentiel de son intrigue à des conflits personnels de plus en plus hystériques au point que l'ensemble devient très vite lassant. Si seulement, Gens et ses scénaristes avaient pris soin d'épaissir un peu plus le background de chacun de leurs protagonistes, il s'en serait peut-être dégagé une certaine empathie vis-à-vis de leur sort voire une quelconque émotion. Mais en l'état, le jeu de massacre devient vite redondant d'autant que le scénario en plus de ses quelques personnages mis au rencard, tire furieusement à la ligne sur la fin. D'ailleurs moi-aussi en ce moment.


The Divide n'est donc pas un mauvais film, certains pourront l'apprécier comme un honnête survival post-apocalyptique. Le fait est qu'à mon sens, Gens aurait mieux fait de voir ses ambitions scénaristiques à la hausse.

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le 4 nov. 2015

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Buddy_Noone

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