À l’heure où les époux Warren reprennent du service dans un troisième volet de la saga Conjuring tout à la fois inutile et dépourvu d’identité, c’est du côté de la VOD que devraient se tourner les amateurs d’horreur. The Djinn constitue en effet une bonne surprise qui, sans révolutionner le genre qu’il investit, en propose une relecture personnelle et convaincante. Le choix d’un jeune garçon muet comme personnage principal a plusieurs qualités : il confère au long métrage un propos de fond, à savoir la quête d’une voix impossible à obtenir sinon par l’intermédiaire des forces occultes ; il évite cet écueil périlleux de l’épouvante qu’est le hurlement incessant, remplacé fort judicieusement par une gesticulation physique d’un corps raccordé à sa simplicité et à sa faiblesse congénitale – nul hasard si Dylan passe son temps pieds nus.
Nous regretterons alors que la musique explicite la menace, sans laisser le temps à l’horreur de véritablement s’installer et de naître du corps-à-corps, du heurt d’un corps d’enfant avec celui d’un adulte comme traduction à l’écran d’un dialogue douloureux entre deux âges, l’un essayant de comprendre le désarroi de l’autre, un désarroi qui a conduit la mère à disparaître. Des facilités, certes, des redondances, mais l’ensemble reste cohérent et nous tient en haleine pendant une heure un quart – enfin un film qui ose la brièveté, justifiée en partie par la forme du huis clos adoptée ici – tout en interrogeant l’essence chimérique de nos désirs en ce qu’ils détiennent en eux une insatisfaction voire une impossibilité que nous refusons d’admettre.