J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce film particulier. Le début m’a semblé insupportablement caricatural, surligné et surjoué. Mais j’ai fini par m’intéresser à ce que je voyais et les performances des comédiens se sont affinées. Mais le film regorge de coup de mous, de longueurs. Intéressant donc, mais pas assez rythmé.


The Forgiven se déroule pendant un week-end dans les montagnes du Haut Atlas au Maroc, et explore les répercussions d'un accident aléatoire sur la vie des musulmans locaux et des visiteurs occidentaux qui assistent à une fête dans une grande villa, et particulièrement sur un couple de bourgeois.


Le début m’a légèrement agacé, tant les personnages semblent mal dessinés et lourdement interprétés. Il y a un couple d’homosexuel dont l’un des hommes est précieux, l’autre est une vieille folle. Il y a l’américain hâbleur, la bimbo, l’intellectuelle marocaine, ou la photographe snob. Et pour tous dire, les états d’âmes de ces bourgeois ne m’ont tout d’abord pas intéressé. Mais j’ai fini par comprendre que ce film était une sorte de fable. La villa est un peu le bûché des vanités où les sept péchés capitaux sont commis quasi chaque minute. Le tueur psychopathe du ‘Seven’ de Fincher aurait été heureux. Ce havre de snobisme ne s’émeut que très peu de l’accident, n’y voyant qu’une légère mais fâcheuse perturbation de leurs festivités. En revanche, le mari sera miné par la culpabilité.


Le malaise du couple est plutôt bien montré. Ce qui est intéressant, c’est que les trajectoires du mari et de la femme seront opposées. Tout d’abord sans émotion, le mari se laisse submerger par cette vie mondaine futile. Ce n’est qu’en étant confronté au père du jeune marocain qu’il a tué que les remords et même les regrets l’assaillent. La culpabilité est donc ce qui nous ramène à la réalité et nous confronte à nos actes. Mais le comportement de l’épouse, plus épargnée que le mari, nous montre que la culpabilité peut repartir aussi vite qu’on l’a ressentie en quittant le monde réel et en se réfugiant dans une bulle.


Les interprétations sont assez inégales. J’ai trouvé celle de Ralph Fiennes exécrable au début. J’ai trouvé qu’il surjouait l’alcoolique, le mec pénible. Cependant, sa performance s’améliore à mesure que son personnage exprime son ressenti. Caleb Landry Jones, qui était si bon dans le ‘Nitram’ de Justin Kurzel, livre une performance ridicule et maniérée en fofolle. En revanche, j’ai trouvé Matt Smith excellant en aristocrate ultra-cynique. Mais c’est surtout Jessica Chastain qui tire son épingle du jeu. Elle est tantôt faible, tantôt froide, tantôt attendrissante, tantôt cassante. Elle exprime à la perfection la versatilité de son personnage.


Ce film m’a donc déstabilisé, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Ce que j’ai d’abord pris pour une approche réaliste est en fait proche du dispositif où les caractères sont poussés à l’extrême de la caricature pour mieux faire ressortir l’intrigue. John Michael McDonagh a-t-il réussi son pari ? Pas tout à fait, si l’on en juge la durée (excessive) du film et les quelques lenteurs qui parsèment le film.


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