Guy, quand on réalise un film de gangsters fun sur des bandes de trafiquants de drogue qui veulent se faire tous les coups de pute possibles, ce n'est pas la peine de balancer une séquence émotionnelle sortie de nulle part, greffée sur un corps étranger, pour nous dire combien la drogue, c'est de la merde et que ça détruit la vie des gens. Tout le monde le sait et si on a envie d'avoir ce genre de message, on va vers un film dont celui affiché est de dire que la drogue, c'est de la merde et que ça détruit la vie des gens. Bon, heureusement que le réalisateur ne commet cette gaffe qu'une seule fois et autrement comprend qu'il réalise un film de gangsters fun sur des bandes de trafiquants qui veulent se faire tous les coups de pute possibles.


Une demi-heure pour que l'action commence vraiment (un peu long, mais retenant tout de même l'attention, car avec la curiosité de savoir sur quoi cela va déboucher !), un côté clip de rap gratuit lors d'un braquage (alors que le principe de ce type d'acte pénalement répréhensible et non sans danger, surtout quand les volés sont du milieu, c'est de prendre le plus vite possible la marchandise et de déguerpir en battant des records de rapidité !), des mises en abyme par l'intermédiaire du personnage joué par Hugh Grant (sur lequel je vais revenir plus tard ; élogieusement, ne vous inquiétez pas !) qui sont trop sporadiquement présentes pour qu'elles soient utiles et efficaces dans la globalité du long-métrage.


Ouais, bon, tout cela ne m'a pas empêché de prendre mon pied. Oui, la balance du positif l'emporte haut la main.


Le montage ultra-énergique, les dialogues à la mitraillette, le style habituel du cinéaste chez des gangsters, mais qui sont bien élevés, avec des costumes en tweed, des jolies casquettes de propriétaires terriens au sens noble du terme, évoluant sous des portraits perruqués, dans des propriétés séculaires et qui fréquentent le grand monde. Des gentlemen en gros, mais qui sont quelquefois obligés de sortir de leur réserve gentlemanesque. Déjà un truc croustillant et intéressant à se mettre sous la dent.


Ensuite la distribution et leurs personnages, toujours classe, jamais une vulgarité, même quand il s'agit de donner un aller-simple dans l'autre monde. Alors trois mentions spéciales dans un casting qui a sérieusement de la gueule. Charlie Hunnam, la force tranquille, mais dont il est recommandé de réfléchir à deux fois avant de l'embêter. Matthew McConaughey, effrontément charismatique en grand manitou futé parce qu'il gère efficacement son business, mais aussi parce qu'il a la capacité de s'entourer de sbires efficaces,


sachant toujours arriver à temps pour le sortir du pétrin.


Et il y a Hugh Grant. Pour moi qui ai grandi dans les années 1990 et du début des années 2000 et qui a un souvenir vivace de cette période, cet acteur était l'incarnation agaçante du gendre idéal dans les comédies romantiques, même s'il avait essayé de prendre ensuite un tournant plus cynique, avec notamment les deux premiers Bridget Jones. Mais cela restait toujours des comédies romantiques. Certainement conscient de cela, après une bonne traversée du désert, il semble bien avoir profité de la vieillesse, venant entre-temps, pour pulvériser cette image du passé. Il s'en donne complètement à cœur joie dans le rôle d'une sale crapule cynique et opportuniste. Et le plaisir qu'il ressent est contagieux. Franchement, je l'ai adoré là-dedans.


Et le scénario, bien sûr. Celui-ci ne se ménage jamais en rebondissements, à base de coups tordus notamment, le tout savamment teinté d'humour. Non, franchement, si vous voulez un film cool à regarder... ben, adressez-vous aux gentlemen...

Plume231
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le 19 mai 2021

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Plume231

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