Certains considèreront Le Roi Arthur : La Légende d'Excalibur et Aladdin comme des errements de la part de Guy Ritchie. Ils se montreront donc méfiants devant un film se prévalant de son nom à la réalisation.


Mais ils seront ravis de lire sur Sens Critique que The Gentlemen, c'est de la bonne. Et plus encore.


Ils seront ravis de renouer avec le background british urbain, quelques personnages sombres, d'autres désinvoltes, la violence discrète mais sèche, ainsi que le monde du crime organisé qu'affectionne Guy.


Nous sommes donc là en terrain connu.


Les rôles mis en scène le sont tout autant, celui tenu par Matthew McConaughey en tête, tout en charme traînant, tout en embourgeoisement aux aguets et sombre. On pourrait croire qu'il constitue la figure de proue du film, comme d'habitude quand on articule une oeuvre sur un parrain. Mais on se dit que le gars (et le réalisateur ?) est trop fatigué par ses propres frasques pour le rester longtemps.


Et l'on se rappelle soudain la déstructuration de la narration de ces Gentlemen, pour être pris totalement au jeu de l'histoire racontée dans l'histoire, le tout sous-tendant un discours sur le septième art. Pour se rendre compte, finalement, que le film tourne autour d'une simple conversation nocturne enlevée et pleine de rebondissements réunissant un bras droit et un maître chanteur, tandis que le formidable Charlie Hunnam et le filou Hugh Grant volent peu à peu la vedette pour le plus grand plaisir du spectateur. Ils s'impliquent dans un pas de deux immédiatement irrésistible, confrontent leur point de vue respectif sur les faits, tandis que Guy Ritchie, lui, continue son travail d'intrication séduisant en superposant et mélangeant images, mots et montage.


Ces deux-là permettent aussi à celui qui a payé sa place de découvrir, pas à pas, toute l'étendue du monde criminel et ses ramifications en forme d'ancien monde, se heurtant cette fois-ci, de manière bizarre, à la modernité, la rapidité et le pouvoir du tout connecté. Comme si ce monde en vase clos n'était plus en phase avec son temps, ainsi qu'avec sa jeunesse aux dents longues.


Et Guy Ritchie de s'amuser comme un fou, en éparpillant sa narration sans jamais nous perdre en cours de route, en nous laissant savourer ses bons mots ou toute l'absurdité de situations parfois rocambolesques. A la fois drôle et cruel, sage et turbulent, il mène son scénario de main de maître en nous emportant immédiatement sans plus jamais nous lâcher.


Le reste de la galerie de portraits est aussi réjouissante qu'azimutée, évoluant dans un chaos méticuleux et contrôlé par son maître d'oeuvre, tendant vers la mise en abime. En retournant aux sources de son cinéma, Guy Ritchie se comporte en véritable gentleman en nous offrant une si délicieuse friandise aux accents cockney faisant parler la poudre.


Behind_the_Mask, largué bien avant que Barry White se pointe...

Behind_the_Mask
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Une année au cinéma : 2020 et Les meilleurs films de 2020

Créée

le 5 févr. 2020

Critique lue 3.6K fois

72 j'aime

6 commentaires

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 3.6K fois

72
6

D'autres avis sur The Gentlemen

The Gentlemen
Behind_the_Mask
8

Chantage à l'anglaise

Certains considèreront Le Roi Arthur : La Légende d'Excalibur et Aladdin comme des errements de la part de Guy Ritchie. Ils se montreront donc méfiants devant un film se prévalant de son nom à la...

le 5 févr. 2020

72 j'aime

6

The Gentlemen
EricDebarnot
7

Le deuxième souffle

Si l'on avait - comme à peu près tout le monde - apprécié les deux premiers films de Guy Ritchie ("Lock, stock and two smoking barrels" et surtout "Snatch", avec une performance mémorable de Brad...

le 10 févr. 2020

58 j'aime

8

The Gentlemen
Plume231
7

Ailleurs l'herbe est plus verte !

Guy, quand on réalise un film de gangsters fun sur des bandes de trafiquants de drogue qui veulent se faire tous les coups de pute possibles, ce n'est pas la peine de balancer une séquence...

le 19 mai 2021

34 j'aime

4

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

204 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

189 j'aime

37

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

181 j'aime

23