Une géniale découverte sur laquelle je ne misais pas grand chose et qui fait partie de cette tradition horreur/fantastique typiquement japonaise des films de vengeance mettant en avant des chats aux pouvoirs surnaturels dont l'un des plus connus est Le manoir du chat fantôme de Nobuo Nakagawa (1958). Mais dès les années 30 on trouvait par exemple Le Mystère du sha­mi­sen hanté (que j'aimerais beaucoup voir).


Ce représentant signé Ishikawa emprunte plusieurs éléments au Nakagawa (comme l'emmuré) et d'autres figures plus communs au genre fantastique nippon avec des méchants devenus à moitié fous et qui assassinent leur proches croyant tuer un être surnaturel.
Dans son scénario A Vengeful Spirit est donc on ne peut plus conventionnel avec sa succession de séquences chocs pour des personnages interchangeables qu'ils s’agissent des victimes de nobles pervertis ou de ces derniers, sadiques et sans scrupules. Par contre au niveau de la forme, c'est un rollcoaster savoureux, très rythmé et diablement bien mis en boîte.
Ne connaissant pas Yoshihiro Ishikawa, je partais en terrain inconnu et le bougre se révèle un cinéaste efficace et inspiré. En regardant après coup sa filmographie, j'ai découvert qu'il fut justement l'assistant de Nobuo Nakagawa de 1957 à 1960. Pas étonnant qu'il décline plusieurs de ses effets et son atmosphère dans ce titre qui déploie un univers macabre foisonnant, parfois gore (pour l'époque) : marais noyé dans la brume, possession par des démons, membres ou têtes tranchées, mur gorgé de sang, cadavres dissimilés dans des coffres, morsures sanguinolentes, feu follet, apparitions fantomatiques, spectre mi-femme mi-chat... C'est très riche et agrémenté d'une bonne dose de chambara avec pas mal de combats, assez intense parfois.
Surtout les différentes scènes bénéficient d'une réalisation solide avec un noir et blanc très contrasté pour des décors souvent plongée dans la pénombre la plus totale, une caméra parfois très mobile et un excellent sens du scope. Quand tous ces éléments s'unissent, ça donne des moments enthousiasmant : combat dans un petit canal, beaucoup de contre-plongées exploitant au mieux poutres ou long couloir dans l'obscurité pour créer des cadres étouffant, découverte du marais maudit (puis un affrontement désespéré qui y prend place plus tard), méchants perdant les pédales et tranchant à tour de bras ceux qu'ils croisent, visions cauchemardesques, duel filmé depuis les yeux du chat et le final de nouveau dans ce marais.
Du très bon boulot qui dépasse le simple artisanat tout en étant extrêmement généreux.


Malheureusement Yoshihiro Ishikawa semble n'avoir eu qu'une courte carrière au cinéma avec une demi-douzaine de titres avant de rejoindre la télévision où il tourna notamment pour la série des Treize nuits de l’horreur / Au pays des fantômes diffusé en France sur Ciné + classic il y a quelques années. Son épisode remettait d'ailleurs en avant un chat vengeur que j'ai bien envie de revoir du coup. Comme quoi, je connaissais déjà le cinéaste.

anthonyplu
7
Écrit par

Créée

le 12 juin 2018

Critique lue 148 fois

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 148 fois

D'autres avis sur The Ghost-Cat Cursed Pond

The Ghost-Cat Cursed Pond
anthonyplu
7

Les chiens ne font pas des chats

Une géniale découverte sur laquelle je ne misais pas grand chose et qui fait partie de cette tradition horreur/fantastique typiquement japonaise des films de vengeance mettant en avant des chats aux...

le 12 juin 2018

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

11 j'aime

2

Daisy Miller
anthonyplu
8

Miller's time

Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...

le 17 avr. 2017

10 j'aime