Le long chemin vers l'intégrité

On a envie d'être compatissant envers Charles Burnett lorsqu'il réalise un film sur la corruption teintée de racisme au sein de la police de Los Angeles, mais il y a tout de même pas mal d'embûches sur le chemin de l'appréciation. "The Glass Shield" ressemble sous certains aspects à un téléfilm de luxe, avec sa mise en scène assez cheap victime d'un budget sans aucun doute rachitique — mais suffisant pour compter dans le casting des célébrités comme Michael Ironside, Ice Cube et Elliott Gould en tant que personnages secondaires. C'est une histoire déjà racontée des dizaines et des dizaines de fois, celle du flic idéaliste qui pénètre dans l'antre du mal et qui verra ses convictions broyées par un réseau de policiers véreux. Même son association avec une autre idéaliste, side kick féminin mal-aimée, est totalement prévisible et déjà vue.

Deux sujets, donc : la corruption et les discriminations qui gangrènent les rangs de la police, avec pour incarner les gentils d'un côté le flic noir pétri de naïveté pendant la première moitié (Michael Boatman, le physique très approprié pour jouer cette ingénuité) et de l'autre la lesbienne juive (Lori Petty) moquée par tous les mâles ou presque de l'institution. Burnett peine à tirer son épingle du jeu car ces thématiques sont archi-balisées au sein du cinéma états-unien déjà en 1994 et il peine à nouer une vraie tension de thriller au sein de l'enquête non-officielle menée par les deux rookies. Les péripéties sont filmées sans éclat, les pseudo révélations peinent à surprendre, et il ne reste à Burnett que la cause très juste qu'il cherche à défendre. Mais il ne s'agit que de bonnes intentions... apparemment basées sur des faits réels, si l'on en juge les cartons finaux. Peu de surprises, beaucoup de morale, des personnages univoques pour la plupart, et une fin très abrupte marquée du sceau de l'injustice.