Lorsque Menahem Golan et Yoram Globus sont contactés dans l'optique d'un documentaire sur leur légendaire Cannon (celui-ci deviendra Electric Boogaloo, en référence au pas très bien Breakin' 2: Electric Boogaloo), ces deux derniers refusent poliment. Toutefois, fidèles à leur réputation de margoulins, les cousins piquent l'idée d'un documentaire pour lancer le leur, histoire de profiter de l'intérêt qu'on semble leur porter, et plus encore de garder un contrôle total sur ce qui sera dit, puisque c'est leur documentaire à eux, qui va raconter leur histoire à eux comme ils l'entendent.
The Go-Go Boys, surnom faisant référence à leur tendance à valider toute sorte de projets débiles, se veut donc un bon complément à Electric Boogaloo en se concentrant ici plus sur le parcours de Golan et Globus et leur association au sein de la Cannon que sur la Cannon en elle-même. Preuve en est qu'ici les images d'archives des deux cousins au quotidien abondent bien plus que celles de leurs films produits à l'époque.
Alors on va pas se leurrer: si le contexte dans lequel fut lancé ce documentaire laisse perplexe, la vision de celui-ci n'arrange rien. Oui on apprend éventuellement des trucs, oui c'est amusant de se plonger dans cette époque assez folle mais... Clairement on a cet aspect orienté, qui cache la vérité et la déforme à son avantage, qui dérange quelque peu. Ce n'est pas une surprise bien sûr, mais du coup est passé sous un quasi silence l'aspect filou des deux bonhommes, qui y est pourtant pour beaucoup dans leur légende. On se retrouve alors avec une sorte de rise and fall qui ne va jamais remettre en question la responsabilité de Golan et Globus dans l'effondrement de leur société, ceux-ci étant présentés comme des fous de cinéma prêt à tout pour cet art plus que comme des producteurs aux méthodes pas très glorieuses, ce qu'ils sont pourtant (bien que l'amour de Golan pour le cinéma reste lui tout à fait réel et palpable). Surtout on est devant un format assez sage qui, si je le préfère à la frénésie un peu lassante de Electric Boogaloo, ne restitue en rien la dinguerie de productions à base de vigilantes post-apo en pantoufles, de femmes possédées par l'esprit d'un ninja, de rip-off foireux d'Indiana Jones ou de cet incroyable Superman IV.
On regrettera également la nature des intervenants. Certes le doc est avant tout concentré sur les Go-Go Boys qui racontent leur vie, mais si le témoignage de leur famille a éventuellement son intérêt, on aurait pu se priver des avocats ou ce genre de choses, surtout quand à côté on a Chuck Norris et Van Damme qui font figurent de caméo.
Bref pas un indispensable, qui demande d'être abordé avec recul, et qui ne restitue pas vraiment le chaos que fut la Cannon.