Wes Anderson corrige avec ce beau bijoux son erreur commise avec Moonrise Kingdom : faire un film aux filtres Instagram certes, mais avec un SCENARIO, UN BON SCENARIO.
Je le dis ici tout de go : The Grand Budapest Hotel a sa place dans les meilleurs films de 2014. (SANS BLAAAAGUES). Ce n'était pas d'une évidence mérité, mais juste écrit et sans appel.
On nous offre ici une farandole de douceurs exquises, ou chaque réplique, chaque musique et chaque acteur apporte sa petite dose de merveilleux.
Cependant, je précise en premier lieu que le film démarre littéralement sur les chapeaux de roues, le scénario et les plans s'enchainant à une vitesse presque folle, à tel point que j'ai dû revoir le film deux fois de suite, afin d'être bien certaine d'avoir compris ce que je pensais avoir compris dans le sens dans lequel ça devait être compris. (Tu m'suis bien ou tu m'comprends mal ?????).
C'est le seul défaut que je lui trouve, The Grand Budapest Hotel est un film trop rapide.
Dans un sens, il est ici question de faire un film d'1h30, tâchons donc de ne pas faire en sorte que le spectateur finisse par s'emmerder.
Ma question à Wes A., serait alors : pourquoi ne pas faire un film de 2h, voir 2h30 ?
Ce à quoi je me réponds directement : un film d'une telle durée par Anderson serait-il acceptable ?
Car l'univers du réalisateur est gargantuesque, dans l'outrance perpétuelle, si ce n'est presque absolu. C'est beau, mais point trop n'en faut.
Néanmoins, j'aborde The Grand Budapest Hotel comme une invitation pour une virée en croisière. A bord de ce long-métrage se trouve une vue magnifique et Wes Anderson désire nous enrôler dans son imaginaire, tellement fou, si intarissable. Une valse effrénée d'un peu de Ralph Fiennes, la candeur de Tony Revolori, Tilda Swinton à l'apogée de sa fausse vieillesse, le beau, le charmant, Andrien Brody, plus beau que dans toute sa filmographie réunie, quel jeu, quelle classe ! Saoirse Ronan et sa petite tâche de vin en forme du Mexique, sa pâte à choux, sa douceur.... même Willem Dafoe est presque aimable dans son rôle. N'oublions pas ce regard unique et flippant de Mathieu Amalric.
Quand est-ce qu'on pourra vivre dans un film de Wes Anderson ?
Peut-on matérialiser son imaginaire dans un endroit, y vivre et y mourir tranquillement noyé dans une envolée de couleurs éclatantes ?
Toute cette authenticité indécente, cette richesse d'imagination, cette espèce de pureté cinglée me frustre presque à chaque fois.