Barnum et la véritable histoire du Général Tom Pouce

Le nom de Charles Sherwood Stratton, dit Général Tom Pouce, est aujourd’hui à peu près oublié. Pourtant, cet artiste de cirque, pilier du cirque Barnum, a eu un destin peu commun.


Lilliputien, Stratton commence à 5 ans, en 1843, à se produire dans le cirque Barnum, chantant, dansant et imitant des personnages. Il jouera, encore enfant, sur diverses scènes de théâtre, des spectacles adaptés de contes de fées comme Tom Pouce ou Les bottes de sept lieux.


Barnum le présente comme plus âgé afin de ne pas être accusé de faire travailler un enfant et pour accroître le phénomène de nanisme. Sa carrière sera, non pas celle d’une attraction de cirque, mais celle d’un véritable acteur, artiste complet et reconnu tel quel par des grands critiques théâtraux de l’époque. A 20 ans, il mesure 86 cm, il continuera une très lente croissance jusqu’à sa mort en 1883.


Sa renommée en Amérique puis à travers l’Europe, où Barnum l’emmène en tournée, sera phénoménale.
Tom Pouce fait la une des journaux partout où il passe. Il sera présenté à plusieurs têtes couronnées d’Europe, notamment à la Reine Victoria qui lui décerne le grade de Général.


Barnum propose dans son cirque des phénomènes réels (nains, géants, femme à barbe, homme entièrement tatoué, homme- chien à la pilosité phénoménale… ) et tout un ensemble de supercheries comme la sirène des Fidji, mi-poisson mi-orang-outan (hé oui !), des sœurs siamoises (en fait des jumelles), ou encore la supposée Nourrice de Georges Washington âgée de 161 ans ( !) Son objectif, faire rêver, qu’importe la réalité !


Ses spectacles deviennent de plus en plus démesurés, proposant des curiosités (fausses ou réelles), trois pistes de cirque à la fois – voir le film Sous le plus grand chapiteau du monde (The greatest show on earth ) de Cécil B. de Mille, tourné en 1952-, et une multitude d’animaux – dont cinquante éléphants -.


Avant même d’avoir atteint l’âge adulte, Stratton a déjà amassé, grâce à ses spectacles, une belle fortune qui lui aurait permis de se retirer ; il continue cependant de tourner avec le spectacle Barnum, attirant les foules et devenant la plus belle publicité du cirque.
Après avoir épousé Lavinia Warren qui se produit également dans le spectacle des lilliputiens, il se retire finalement, après près de 40 ans de carrière, dans une belle maison aux meubles miniatures.


Devenu sans doute millionnaire, Stratton soutiendra même Barnum financièrement lorsque le cirque commencera à avoir des difficultés, devenant associé de son ancien patron qui se lance dans de gigantesques et coûteuses entreprises, pour accroître la taille de ses spectacles.
General Tom Pouce a aujourd’hui sa statue à Bridgeport.


Le film est l’occasion d’évoquer l’univers étonnant de Barnum et du Général Tom Pouce.
Il se centre sur les débuts de Phinéas Barnum, son enfance pauvre et la rencontre de la fortunée jeune fille Charity, qui sera la femme de sa vie. Passionné par les contes, les histoires étranges et l’insolite, Phinéas a l’idée de créer un musée des curiosités.
Croisant par hasard un jeune garçon de petite taille – Stratton -, il propose à celui-ci de se produire dans son musée en habit de général et de parader sur un beau cheval blanc. On remarquera qu’ici Stratton est âgé de 21 ans, comme son interprète, alors qu’il avait 5 ans à sa première apparition sur scène-.
Séduit, Stratton accepte, bientôt rejoint par tout un ensemble de personnages étranges. Le musée, qui prend rapidement le nom de cirque, sera l’occasion pour ces Freaks de relever la tête, de montrer leurs talents et d’assumer leurs différences.


Le film présente une version magnifiée de l’homme de spectacle, gommant les supercheries mises en place pour ne retenir que sa mise en avant des phénomènes (les Freaks) auxquels il va offrir ainsi la chance d’assumer et même d’arborer avec fierté leurs différences.
La question d’exploitation de monstres de foires, comme cela a certainement été le cas, au moins en partie et comme cela s’est produit dans d’autres contextes et contrées, n’est même pas posée.


Le sympathique, souriant et chantant Hugh Jackman, entraîne aussitôt la sympathie du spectateur, qui ne peut donc pas le voir comme un profiteur de la misère humaine.
C’est sans doute là le principal reproche que l’on pourra faire ici, surtout si l’on s’attend à voir un biopic sur la vie de Barnum. Tel n’est pas, de tout évidence l’objectif du réalisateur. On a bien ici une comédie musicale, où Hugh Jackman qui s’est déjà illustré avec succès dans ce domaine ( notamment dans les célèbres comédies Carrousel, Oklahoma ou encore Sunset Boulevard) chante et danse avec aisance et talent.


La musique résolument moderne dans les parties "show" et les danses qui l’accompagnent surprennent au premier abord, car elles paraissent anachroniques, tandis que les autres parties chantées et dansées se trouvent plus dans la tradition des comédies musicales. Le duo de compositeurs Benj Pasek et Justin Paul, qui a déjà œuvré sur La La Land, est ici aux commandes.


Il s’ensuit un spectacle haut en couleurs, aux beaux décors, mené avec rythme et proposant un réel divertissement de qualité sans moments véritablement pénibles et sans prise de tête. Les difficultés et tragédies glissent rapidement pour ne retenir que les instants de gloire….N’est-ce pas au fond cela, à la base, une comédie musicale ?

m-claudine1
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le 27 févr. 2019

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m-claudine1

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