Contre-champ
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J.Lee Hancock avec dernièrement Le Fondateur et dans L'ombre de Mary ne marquait pas par sa mise en scène conventionnelle, s'attachait à des acteurs connus et semblait un tantinet feignant à proposer une plus-value dans ses intrigues mais restait sur une bienveillance pour des sujets plutôt divertissants. Entourés de Woody Harrelson et Kevin Costner, The highwaymen peine encore et survole ce qui aurait pu amener à un sous texte historique et social de grande dépression et de misère, à l'instar d'Arthur Penn, qui, sans que puisse être vérifié la véracité des faits, offrait non seulement un moment cinéma et étoffait son récit par une réflexion plus subtile sur les conséquences par la violence de la lutte contre l'oppression, du fantasme de liberté et de désillusion.
Oubliés dans la version de 1971, correction est faite ici en prenant le point de vue des deux anciens cow boys dans la tragédie qui marqua les années 30. Hamer et Gault ont été à l'origine de la mort des deux amants et sont mis en avant comme pour rappeler à la grandeur de la justice, et de la grande époque des justiciers à cheval. Désormais au chômage par leur éviction au profit du FBI et de leurs nouvelles techniques d'investigation, la gouverneure fera appel à eux pour reprendre les bonnes vieilles méthodes. Le portrait que l'on attend des deux anciens amis rappelant aux binômes tant appréciés depuis True Detective, échoue à cette alchimie attendue et à cette tentative d'humour décalée des vieillards d'Impitoyable, n'offrant que le visage constamment mutique de Costner, et la bouille facétieuse d'un Woody accompagnant son héros, entre crise de prostate et gorgeons de whisky.
Bonnie et Clyde, sont quant à eux, plutôt absents de l'intrigue, comme insaisissables. Ils ne nous sont montrés que de loin, de dos ou de talons, les cantonnant à une nouvelle mode vestimentaire pour les groupies en folie, s'arrêtant se reposer dans la lumière déclinante du soir et jouer un peu de musique pour lutter contre l'adversité. Une caricature d'autant plus gênante que sera montrée la solidarité des habitants et de la famille venant en porte à faux de ce portrait d'un couple ne passant son temps qu'à abattre les policiers à terre.
Le réalisateur n'arrange pas les choses et s'en tient à une mise en scène des plus académiques qui surfe sur l'ambiance épurée des grands films du genre, sans en avoir le charme et la force dramatique qu'un tel sujet laissait espérer. Le film ennuie profondément sur ses plus de deux heures de montage saccadé, de champs contre champs, de courses fatiguées, et de tir ratés, de dialogues plats quand ils ne sont pas un hymne à la politique de Trump, d'un manque de rythme pour une chevauchée à travers le Mildwest dont on appréciera même pas les paysages. Une presse sous exploitée, une Ma Fergusson (Kathy Bates) qui ne restera pas dans les annales du cinéma et des images d'archives pour l'instant coup de cœur.
Reste une fusillade finale qui ne bénéficiera pas non plus de la virtuosité et de la tension qu'avait su apporter la version de 1971.
On va donc s'en prendre à Netflix qui semble grossir son catalogue avec le tout venant et s'assurer les nouveautés nécessaires à sa continuation pour le meilleur des fois et pour le pire aussi et s'en prendre surtout à nos deux acteurs appréciés qui ne nous proposent que le vague souvenir de jeux inspirés.
Créée
le 5 avr. 2019
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