The Hole
5.7
The Hole

Film de Nick Hamm (2001)

(Ouh ouh, ce jeu de mots avec le titre, mes enfants !)


Après des films comme Fight club, Sixième sens ou encore Usual suspects, on pense sûrement qu’un twist final, un vrai, ne peut plus arriver, ou du moins, égaler ceux de ces trois monstres notamment. Je ne sais pas si ça se fera un jour, toujours est-il que The Hole ne l’a pas fait. Est-ce que le film est à jeter pour autant ? Certainement pas.


En fait, The Hole est qualifié comme : drame, épouvante-horreur, mystère ou encore thriller. Tous ces termes sont exacts, à l’exception de l’épouvante-horreur qui n’a vraiment rien à foutre là. Le mystère, parce que savoir ce que ces quatre gosses ont fait pendant dix-huit longs jours, ça serait pas mal, drame, parce que plus on va s’enfoncer dans l’histoire, plus celle-ci aura des résonances graves et inéluctablement tristes, thriller, parce que ce film n’a rien de gentillet dans ce qu’il raconte, et qu’il se révèle être un fabuleux récit à longuement décortiquer, surtout qu’il y a un coupable.
Pour en revenir à l’histoire, pendant les quinze premières minutes, on sait tout de l’histoire, ce qui s’est passé, quand, comment et pourquoi. Seulement le film n’existerait pas si tout était réglé dès les premiers instants. Et vous vous en doutez bien, ce que l’on sait dès le début n’est en rien la vérité. Cette dernière, il va falloir la découvrir en même temps que les personnages et surtout, selon les dires de la survivante qui a été traumatisée et qui lâche les informations au compte-gouttes. C’est surtout cela qu’est le film : un thriller psychologique, sans pour autant avoir l’ambition de se nommer comme tel. En ce premier point, je pense qu’on a le premier défaut du film : avoir voulu nous raconter la vérité pendant les premiers instants, donc nous montrer ce qui n’est pas vrai a été une erreur. En effet, dès les premières minutes, le doute s’installe et on se sent obligés de chercher, de se poser des questions et le tout se révèle sans surprise. C’est ici que la magie du twist final s’efface un peu, parce que celui-ci est d’ores et déjà prévisible.


Pourtant, The Hole ne dit pas son dernier mot et arrive à dédramatiser les choses et se détendre : des retournements de situation, on en a déjà vu, des connards de gosses de riches qui pensent que le monde leur appartient, aussi, la recherche du coupable façon « c’est pas moi, c’est lui », idem. C’est donc là que le film se pose, derrière tout ce brouillard de déjà vu, cette impression de faux renouveau. Et ce, pour mieux sortir du lot et se démarquer des autres. Là où je veux en venir c’est que l’œuvre réussit à se démarquer des autres en pointant du doigt leurs défauts, en les reprenant brillamment, en mixant le tout intelligemment et en ressortant quelque chose de répugnant, de malsain, de dégueulasse. Parce que c’est ce qu'est The Hole : une histoire malsaine qui nous colle des frissons dans le dos. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on est dégoûtés à vie ni qu’on perd tout espoir en l’humanité après ce film (ce qui a été plus ou moins le cas pour moi avec Megan is missing, si ça vous intéresse), mais le film a la capacité étrange et dérangeante de nous absorber et de nous balancer un récit incroyable de par son côté putride. On se pense soulagés en apprenant toute la vérité dès les premiers moments du film ? C’est pour mieux nous botter le cul avec des faits morbides par la suite. Comme pour nous punir d’avoir cru un seul instant que l’histoire avait été « belle » et que les coupables avaient été clairement identifiés.


Le film est loin d’être exempt de défauts, notamment dans ses personnages qui sont caricaturaux : le fils de star qui se fout de tout, le sportif un peu détraqué, la blonde délurée pas si conne et enfin, notre survivante, celle qui rêvait d’être la reine des abeilles alors qu’elle n’est qu’une fille qu’on ne regarde pas. Malgré tout, Thora Birch, qui interprète cette dernière, endosse encore une fois le rôle d’une paumée en mal de vivre, comme elle l’avait fait pour Ghost World ou encore American Beauty. Est-ce qu’elle ne sait faire que ça ? Absolument pas, parce que son personnage va beaucoup plus loin avec The Hole et la gentille et douce petite innocente ne l’est peut-être pas tant que ça. L’histoire révélée par ses soins, ou plutôt, par ce qu’elle voudra bien nous lâcher est sordide et crue. [SPOILER ON] Son personnage d’apparence normale, façon « qu’est-ce que je fous là ? » aura en réalité bien des choses à se reprocher et nous livrera un personnage froid, dur et dénué de toute empathie. Malgré tout, là où je remercie le film, c’est que celui-ci évite de nous livrer des justifications psychiatriques et/ou psychologiques pédantes sur ce personnage. Bien que l’on pourrait désigner Liz comme étant une perverse narcissique (cet impressionnant statut qu’on ressort à toutes les sauces ces derniers temps), elle n’est jamais désignée comme folle ou détraquée. Au contraire, elle est normale, et c’est ça qui fait vraiment froid dans le dos. [SPOILER OFF]


Un autre défaut du film en plus de son twist final qui n’en est en réalité pas un, c’est que, bien que compréhensible malgré les différents récits, on nous dénue de toute émotion relative au sort des quatre jeunes. Je ne dirai pas non plus qu’on s’en fout complètement, mais que le suspense alimente surtout l’histoire et tente tellement de créer une surprise en se concentrant sur le personnage de Liz uniquement, que les trois autres jeunes sont laissés à côté alors que ceux-ci auraient gagné à être davantage développés et mis en lumière, même s’ils n’ont pas été oubliés par l’histoire racontée. Donc oui, il faut s’accrocher à The Hole car la multitude de vérités énoncées est complexe et peut assez vite nous perdre, mais une fois qu’on est dans le bain, l’ambiance est tellement prenante que le tout se révèle intelligible et fort. L’angoisse monte crescendo et nous maintient durant toute la durée du film, sans aucun temps mort, grâce au rythme et à la mise en scène plutôt bien foutus. Mais les coups de théâtre sont beaucoup trop nombreux pour nous garder à l’abri d’un ennui face à ces innombrables révélations qui ponctuent le film. C’est là que le film perd de son panache, parce qu’en nous balançant trente-six vérités d’un coup, on diminue les sentiments d’empathie pour les personnages, tout comme le tragique, le dramatique ou encore le suspense que l’on devrait ressentir face à ce genre d’événements en temps normal. Ça devient de moins en moins crédible et nous évite d’être affectés. Je ne dirai pas que le tout devient lisse, ce n’est pas le cas, mais tout est rendu plus acceptable, et c’est dommage.


Je le redis encore, car je trouve ce point très appréciable, c’est que l’angoisse est vraiment très prenante, et ce, dès le début du film. Cette horreur de dix-huit longs jours fait froid dans le dos, est malsaine et nous met clairement mal à l’aise. Mais le pire, c’est bien de connaître (la vraie ?) vérité et de savoir que tout a été fait dans un but totalement puéril, dénué de bon sens et d’intelligence et qu’un drame aurait pu être évité si certains avaient été moins nombrilistes. Ça donne un côté réaliste au tout, parce qu’on s’imagine très bien certaines personnes faire vivre un enfer à d’autres pour leur simple satisfaction personnelle, mais je le répète, cette sensation est vite évacuée par des histoires entrecroisées qui pourrissent toute empathie et contourne des sentiments qui auraient pu rendre le film encore plus intéressant qu’il ne l’est. Mais comme ce défaut est présent, on peut dire en toute connaissance de cause que si la terreur n’avait pas été aussi bien retranscrite ni présente, on aurait moins ressenti un étau se resserrer au fur et à mesure que le temps passe, et donc, que l’inquiétude aurait été moindre, peut-être même que l’on aurait vite décroché, d’autant plus que comme dit plus haut, le twist final se voyant arriver, on aurait pu se permettre de passer à autre chose sans faire attention aux qualités indéniables de The Hole.


En résumé, une bonne surprise.

Szagad
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le 6 nov. 2015

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