The Home
5.7
The Home

Film de James DeMonaco (2025)

James DeMonaco n'y arrive décidément pas. Ni du côté des "American Nightmare" pour lesquels il s'accroche mordicus à l'écriture depuis cinq opus et même une série sans jamais tirer un hit vraiment mémorable de ce concept génial qu'est la Purge (le deuxième film est ce qui s'en rapproche le plus mais, on ne le répétera jamais assez, imaginez un peu ce qu'un John Carpenter aurait pu faire d'une telle idée), ni d'ailleurs sur un autre genre si l'on en juge l'accueil plus que glacial réservé par la critique US à l'égard de sa chronique familiale "This is the Night". Et, on peut le confirmer aujourd'hui, ce ne sera pas encore le cas avec "The Home", une production où il s'émancipe de l'étendard Blumhouse pour s'aventurer sur un terrain pleinement horrifique au milieu des déambulateurs, dentiers et autres joyeusetés du troisième âge.


Traumatisé par le suicide de son grand frère d'adoption, Max a sombré dans la délinquance et les squats des bas-fonds. Alors qu'il est arrêté avec le risque cette fois de purger sa peine derrière les barreaux, son père d'accueil fait jouer ses relations pour qu'il effectue des travaux d'intérêt général à la place en tant qu'homme d'entretien d'une maison de retraite.

Là-bas, malgré des débuts fébriles, Max se prend d'affection pour certains résidents et commence à s'épanouir quelque peu dans ce rôle. Mais, quand des hurlements provenant du quatrième étage des lieux où il lui est interdit d'entrer deviennent de plus en plus récurrents, le jeune homme décide de mener son enquête...


En fait, "The Home" est peut-être la meilleure démonstration du manque complet de subtilité de James DeMonaco qui l'empêche depuis toujours de prétendre à plus. À peu près tout ce qui est entrepris dans le film donne en effet le sentiment d'être fait à la façon d'un mammouth en furie qui déboulerait dans un EHPAD construit en porcelaine.


Son intrigue ? Misant évidemment beaucoup sur la nature du mystère qui entoure cette maison de retraite et ses résidents, "The Home" se contente de faire déambuler la carcasse brisée de Max dans tous les recoins des lieux avec des facilités assez ahurissantes pour qu'il assiste à un nombre très conséquent de bizarreries pendant que le spectateur, lui, tourne autour du pot d'une résolution loin d'être inédite en son genre (hormis quelques corollaires amusants mais difficiles à avaler), dissimulée derrière des faux-semblants pas forcément aussi malins que voulus (quand on tente de recouvrir des choses peu inspirées par d'autres qui le sont encore moins, forcément... c'est compliqué). Et lorsque vient le temps d'un acte final en forme de catharsis folle furieuse pour son héros, le caractère jouissif qui voudrait se dégager de ce courroux sanguinaire tombe dans la gesticulation la plus vaine de violence gratuite tant le traumatisme présenté derrière s'est bâti une fois de plus sans grande consistance.


Son propos ? Asséné à coups de marteau-piqueur par des reportages alarmistes redondants sur l'environnement mondial en arrière-plan ou, bien entendu, les finalités de son récit en lui-même, la ritournelle d'une génération sacrifiée par une autre est ici délivrée par son prisme le plus littéral et prévisible qu'il soit, n'évitant même pas l'écueil du grotesque à cause de la dépravation surlignée et répétée à voix haute par des antagonistes caricaturaux.


Sa réalisation ? Si l'ambiance étrange est bien là, renforcée par quelques bonnes idées sur la multiplication de comportements irrationnels chez les résidents, DeMonaco va encore une fois céder sur ce plan à de grosses ficelles en multipliant les séquences oniriques afin d'étaler un peu plus de gore à l'écran (sans que cela apporte la moindre plus-value signifiante à l'ensemble), le tout servi par une mise en scène finalement assez passe-partout, s'inscrivant dans des canons de l'horreur contemporaine bien trop mainstream pour y déceler une quelconque identité digne d'intérêt.


Ses protagonistes ? Presque uniquement construit sur sa fêlure d'enfance qui l'empêche d'aller de l'avant (ah si, il dessine aussi... voilà), le réconfort que le personnage de Max va trouver auprès de certaines de ces personnes âgées va au moins offrir quelques jolis moments d'échanges au film, plutôt bien servis par un Pete Davidson à contre-emploi qui donne un peu d'âme à ce héros paumé, entourés par des vétérans de qualité comme Mary Beth Peil et John Glover. Là encore, cette donne émotionnelle ne sera pas forcément élaborée avec la plus grande finesse que l'on ait connue mais, au moins, ce sera probablement à ce niveau que le film réussit le plus à faire mouche avec quelques-unes de ses séquences les plus sinistres pour offrir un minimum de densité aux perspectives finales de son intrigue.


Bref, à l'exception de ces quelques points positifs, "The Home" est un film qui sonne horriblement creux tout au long de sa durée, pensé selon une approche bourrine qui ne s'embarrasse d'aucune nuance et, si l'on n'a rien parfois contre un petit plaisir coupable suivant cette voie, d'où aucune véritable jubilation ne ressort même une fois le brouillard levé sur les secrets pas si fous de cet EHPAD de l'horreur.

Ah, on nous signale que, depuis, James DeMonaco est reparti écrire et réaliser un sixième "American Nightmare". Quand on vous dit qu'il s'accroche à sa seule bonne idée comme un morpion...

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