Stephen Daldry superpose trois époques, trois portraits de femmes en rapport avec le roman de Virginia Woolf "Mrs Dalloway", que l'on connait peut-être pour l'avoir vu au cinéma quelques années auparavant, adapté par Marleen Gorris : en résumé, les interrogations existentielles d'une femme ayant fait le choix d'une relation conjugale terne au détriment de la passion amoureuse.
Trois femmes, trois époques séparées par 80 ans et trois lieux invoquent le syndrome Dalloway et se partagent alternativement le récit dans un film ambitieux et sensible. La personnalité et la souffrance des héroïnes restent d'une certaine façon un mystère intime mais déterminent le ton mélancolique, désespéré, de ce film âpre. Emaillée d'incidents mineurs, attentive sans aucun doute, l'intrigue s'affranchit de toute intention romanesque ou passionnelle pour ne relater que la détresse indicible de femmes qui semblent inaptes à la vie qu'elle partage avec des maris attentionnés.
Pour autant, si le film de Daldry atteint par instants une réelle intensité dramatique, c'est plus souvent la monotonie qui en émane. Et en définitive, la performance des actrices m'a semblé plus remarquable et déterminante que la valeur des personnages eux-mêmes.