Le Samouraï a du plomb dans l'aile

Comme vous le voyez peut-être selon l'année où vous lirez cette critique, ma photo de profil Sens Critique est tirée du film Le Samouraï de Jean-Pierre Melville. J'ai cultivé au fil des années une passion énorme pour ce film, son réalisateur et son interprète principal. Tout cela pour vous prévenir du caractère totalement subjectif de ma critique : elle est volontairement malhonnête, injuste, abusive et mon but est uniquement de taper de manière complètement gratuite sur The Killer histoire de passer le temps. Pas la peine donc d'essayer d'argumenter, de me raisonner, de me faire changer d'avis, je m'en contre fous car au fond de moi je sais que vous avez raison.

Quand Melville veut dresser le portrait d'un tueur à gage nihiliste plongé dans une profonde solitude il n'essaie pas de nous l'expliquer, il nous le fait comprendre en nous emmenant dans la tête de Jef Costello.

Il ne demande pas à Alain Delon de débiter des monologues de coach de développement personnel en voix off pendant les 20 premières minutes. Au contraire Melville souligne cette solitude en plongeant son film dans un silence total où pas une ligne de dialogue n'est entendue dans ces mêmes 20 premières minutes.

Il ne nous assiège pas de musiques sur vitaminées beaucoup trop fortes. Non il demande au génial François de Roubaix de composer un thème musical intemporel & lancinant.

Il n'abuse pas d'un montage rythmé où on a rien le temps de voir, non, il nous laisse admirer comment Delon se déplace dans un environnement qui lui est étranger et qui semble froid et peu accueillant.

Jef Costello ne traque pas, il est traqué, il est persécuté car le sentiment de solitude est exacerbé par cette impression de fuite en avant. Il maitrise et contrôle sa fuite, certes, mais jusqu'à quel point ? Alors que The Killer est complètement maître de ce qu'il fait et rien ni personne ne semble lui poser problème.

Au final Fassbender aura gaspillé plus de salive que Delon lors du tournage et pourtant ce dernier nous aura raconté beaucoup plus de choses au travers de gestes, de regards ou de phrases très courtes car oui il existe plein de façons différentes de faire passer un message au cinéma, autrement que par une voix off fainéante.

Vous allez me dire "mais pourquoi vouloir absolument opposer et comparer les deux films ?" Premièrement je vous laisse vous référer à mon paragraphe d'introduction en vous rappelant que cette critique est totalement immorale. Et deuxièmement car les clins d'oeil et les parallèles me semblent beaucoup trop gros pour ne pas être volontaire. Le thème, l'affiche, le "chapeau" et le geste que fait Fassbender en le mettant, l'intrigue qui commence à Paris et cette scène de Fassbender qui sort de l'immeuble au début du film dans une rue parisienne puis qui déverrouille son scooter semble être un hommage 2.0 trop évident à la scène de Delon volant la voiture grâce à son jeu de clés. Forcément cela m'irrite et j'ai besoin d'écrire un pavé pour dire à quel point je suis un p'tit con élitiste et prétentieux.

Bref tout ça pour dire que j'ai préféré Le Samouraï.