The Last Full Measure : L'Ultime Sacrifice par Laurent Duverdier

Un jeune fonctionnaire du Pentagone découvre que la bureaucratie n’a pas toujours le dernier mot, surtout quand un héros oublié vient troubler l’ordre bien huilé des classeurs. The Last Full Measure raconte donc comment un soldat mort depuis trente ans devient soudainement la priorité d’un service administratif, grâce à un dossier qu’on aurait pu croire perdu dans les couloirs du ministère — ou dans un tiroir trop bien rangé.

Le réalisateur Todd Robinson filme cette résurrection morale avec un sérieux exemplaire. Tout est à sa place : les flashbacks poussiéreux, la lumière noble, les visages marqués de vétérans méditant sur la gloire et la culpabilité. Samuel L. Jackson et Ed Harris, barbes et cicatrices comprises, rivalisent de regards douloureux, tandis que Sebastian Stan, impeccable dans son costume de jeune idéaliste, apprend la compassion comme on apprend à rédiger un mémo.

L’émotion, omniprésente, se manifeste souvent à coups de violons et de larmes au ralenti. Le film ne recule jamais devant la solennité — il s’y installe même confortablement. On sent que chaque réplique est pesée, chaque silence calibré pour la cérémonie du souvenir. C’est appliqué, propre, respectueux, parfois jusqu’à l’immobilité.

On aurait aimé un peu de désordre, une fêlure, quelque chose qui déborde. Mais The Last Full Measure préfère rester du bon côté de la dignité, quitte à manquer d’élan. Il en résulte une œuvre sincère et trop sage, où la gravité tourne doucement à la solennité de musée. Un film qui honore la mémoire, certes, mais pas forcément le cinéma.

Ma note : 6/10