Trop chtarbé' pour son propre bien, mais l'univers visuel est hallucinant

"Shining réalisé par Ken Russell", une note d'intention ambitieuse énoncée par un Rob Zombie revanchard, et c'est plutôt une bonne définition. Parce que c'est carrément pas facile de définir "Lords Of Salem".
En quête de liberté après les conditions éprouvantes de production des deux Halloween, Zombie a ici les coudées franches. Et il en profite le bougre, pour le meilleur et le pire.

L'intrigue est bien trop légère et plate pour supporter correctement le déferlement génial d'idées visuelles. C'est clairement la réalisation la plus soignée de la carrière de Rob Zombie, il prend son temps pour poser son ambiance, le Cinémascope et ses cadres sont magnifiques, les travellings lents et grandiloquents.
Une atmosphère anxiogène qui rend évidente la filiation avec le Kubrick de Shining pour les séquences filmées dans l'immeuble-hôtel.
Et c'est là que la folie de Rob Zombie, sa vraie patte, surgit. Explosion d'idées bouffonnes, tour à tour ridicules, sublimes, ratées ou follement inspirées (la fin franchit clairement un palier dans l'onirisme et le portnawak).

Je me suis souvent ennuyé, j'ai parfois été déçu, et puis, sans prévenir, j'ai été emballé. Il m'aura suffit d'une brève séquence revisitant à la sauce Zombie le "Masque du Démon" de Bava, d'une Sheri Moon campant un perso finalement attachant dans sa névrose, de vieilles sorcières flippantes et un final tendu et grandiose.
Sans spoiler, on notera l'idée géniale de conclure sur un morceau du Velvet. Tout comme The Devil's Rejects se refermait en apothéose sur Free Bird, Halloween II sur le déchirant Love Hurts, Zombie finit encore une fois en musique et en beauté.

Si The Lords Of Salem est pénalisé par ses longueurs et son intrigue sans queue ni tête (y a peut-être eu des coupes, la moitié du casting annoncé est absente), l'univers visuel complètement dingue vaut le coup.
Zombie a repris sa liberté, tant mieux pour lui. Il lui reste à retrouver un projet qui saura canaliser sa folie et lui faire accomplir son plein potentiel, comme le chef d'oeuvre immortel The Devil's Rejects l'avait fait en son temps.
Dalecooper
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le 25 avr. 2013

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