(Attention, S - O - - E R !)


A la suite de Memento, Fight Club ou surtout le Mulholland Drive de David Lynch, The Machinist est construit sur le principe de l'altération de la réalité. Celle que subit Trevor Reznik, un ouvrier célibataire que nuits blanches et manque d’appétit ont littéralement transformé en zombie et dont la vie ressemble à un cauchemar. Ses rares relations se réduisent à quelques heures passées en compagnie de Stevie, une prostituée qui en pince pour lui, à Marie une serveuse qui lui plait et à des collègues de travail que ses sautes d'humeur rendent de plus en plus distants.
Le récit prend une tournure fantastique lorsque Trevor se retrouve confronté à des événements inexplicables : apparition de post-it inquiétants sur son réfrigérateur, hallucinations répétitives et une rencontre avec Ivan, un nouveau venu qui l'intrigue mais qu'il ne pourra bientôt plus voir en photo, dans tous les sens du terme ! En réalité, et nous pouvons le deviner assez rapidement, les mystères qui pèsent sur le quotidien de Trevor n'ont rien de surnaturel mais sont le produit de son état mental. De ce point de vue, le film de Brad Anderson n'est pas tant intéressant par son scénario par trop prévisible que par la façon très intéressante dont le réalisateur joue avec le thème principal du film, celui de la réminiscence.


Comme Betty/Diane, la blonde de Mulholland Drive, Trevor est dans le déni d'une réalité qu'il se refuse à regarder en face, la faute à un traumatisme dont les contours se dessinent par petites touches à la manière d'un puzzle. Ainsi des motifs du quotidien comme les heures (réminiscence temporelle), les objets (l'allume-cigare), les nombreux carrefours. Ainsi du travail de Trevor où rouages et engrenages rappellent l'irrémédiable mécanique du destin (le bras du collègue pris dans la machine et l'inattention dramatique de Trevor peuvent ainsi être mis en parallèle direct avec l'accident initial). Ainsi des personnages dont les rôles semblent interchangeables.


La réalisation elle-même, tout en restant très classique en termes de rythme et de montage compose avec la thématique principale du film, notamment dans la scène du train fantôme - véritable film de l'histoire dans le film - ou encore avec le travail sur les deux couleurs récurrentes, le vert et le rouge, qui résument chromatiquement le destin de Trevor au carrefour de sa vie.


Personnages/interprétation : 9/10 (performance physique exceptionnelle de Christian Bale mais Jennifer Jason Leigh et Altana Sanchez-Gijon ne sont pas en reste)
Scénario/histoire : 6/10
Mise en scène/réalisation : 7/10


7.5/10

Theloma
7
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le 24 févr. 2018

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Theloma

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