Ce qui m'a motivé à voir ce film était sans doute son esthétique, et c'est bel et bien le meilleur que j'y ai trouvé : une géométrie parfaitement rigoureuse à l'aura ténébreuse. Et ce, qu'on parle de l'aura diabolique des corps parfaits du mannequinat, des plans à la symétrique millimétrée, ou même de la musique aux sonorités électroniques agressives mais au rendu très propre. Telle une version longue d'une pub pour parfum.


Seulement le film est un long métrage et se trouve dans l'obligation de raconter une histoire. On va donc suivre l'évolution de Jesse, aspirante mannequin jeune et vierge, mais rapidement repérée lors de ses débuts. Car aussitôt son charme frappe et les séances photos et défilés lui sont offerts sur un plateau, ce qui suscite inévitablement la jalousie de ses comparses qui, n'étant pas visiblement pas aussi bien gâtées par la nature, ont dû faire d'innombrables sacrifices.


Si le début du film est agréable à suivre car on y accepte volontiers qu'il ne se passe pas grand chose le temps qu'on comprenne à quelle sauce on va être mangé, le défilement des scènes devient bordélique quand elles commencent à mélanger esthétique, éléments scénaristiques et symbolisme abscons, au point qu'on ne sache plus ce qui relève de l'utile au scénario ou du pur egotrip du réalisateur. Toute question que l'on pourrait se poser vis-à-vis de la cohérence scénaristique, de la symbolique ou de l'esthétisme, est rapidement balayée par les scènes suivantes qui officient dans un registre différent. Cette absurdité atteint son paroxysme dans le dernier tiers du film quand celui-ci s'aventure dans le dégueulasse sans qu'on n'en comprenne la pertinence. Comme si le film se voulait subversif alors qu'il se fout éperdument de ce que le spectateur peut en retirer. Ce qui m'a rappelé l'implication des fluides corporels dans certaines oeuvres d'art contemporain : quel est le propos d'une performance où l'acteur chie sur scène pour de vrai ? Ou d'un tableau peint avec du sperme ? Ch'sais pas, démerde-toi.


De sorte qu'il m'a paru difficile de trouver un quelconque propos au film, le tout étant magnifiquement stylisé mais sans quelconque enjeu. En ressort malgré tout une bonne expérience tant qu'on est attiré par sa sublime esthétique.

Prosperoh
7
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le 28 mars 2020

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Prosperoh

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