Petite critique rapide pour une semi-déception qui est à la hauteur des promesses faites autour de ce film, à savoir la revisite du film d'horreur par l'un des réalisateurs les plus doués de sa génération. J'y croyais un petit peu, car après le petit échec Only God Forgives, on aurait pu prétendre que Refn aurait réussi à se remettre en cause, comme il l'avait fait après avoir été dos au mur avant Pusher 2, son autre chef d'oeuvre. Mais cette époque désormais révolue.


Car comme pour Only God Forgives, le gros problème de ce film demeure dans l'usage pas du tout subtil de nombreuses symboliques et allégories, comme tentative de donner une profondeur à son histoire de rivalités de mannequins, "dans un monde fait de diktats et de conventions" (© Lancôme...)


Comme le dirait le Fossoyeur (je n'utilise assez rarement sa critique comme référence mais c'est bien la première fois que je suis 100% d'accord avec lui), à force d'overdose et de trop pleins de symboliques tellement évidentes et bourrines, le film radote et on finit par en être hermétique.
Il y a un côté "Somewhere" de Sofia Coppola, son cinéma fait trois fois le tour de son sujet et fini par tomber dans son propre piège : à force de trop sur-esthétiser le vide de la beauté superficielle, fléau de notre époque, le film flirte souvent, trop souvent avec le superficiel. Il devient en quelque sorte le sujet central de ce qu'il dénonce. On ressent aussi très souvent la Figure de Narcisse (utilisée plusieurs fois avec les jeux de miroirs) se retourner contre Refn. Alors peut-être peut-on y voir un troisième sens, une sorte de séance de psychanalyse du réalisateur qui dénonce son propre égocentrisme. Dans ce cas je retire toute critique négative et déclare que le film est réussi. Car après tout pourquoi pas, faudrait vérifier dans ses interviews...


Ma note n'est pas non plus catastrophique. J'ai quand même pris mon pied avec certaines séquences. Visuellement et musicalement c'est juste époustouflant. De ce point de vue, le trio Matthew Newman/Cliff Martinez/NWR est à l'apogée de son oeuvre. Ce contraste de lumières rouge-bleu, blanc-noir, cette mise en valeur des beautés superficielles des visages, des corps, de la virginité, de l'imagerie d'un Argento ou de l’icône satanique... quel dommage car le potentiel artistique est bien toujours là.


The Neon Demon est en définitive les premiers symptômes des limites de son cinéma post-Drive. Je pense qu'il devra se remettre en question sur sa démarche artistique, et je lui fais confiance (aveuglément ?) pour sa quête de la sagesse...

jejeninjaki
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le 19 juin 2016

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