Critique de "The Nest" par lefilmdujour

The Nest (2021)


Dans les années 1980, Rory, un ancien courtier devenu un ambitieux entrepreneur, convainc Allison, son épouse américaine, et leurs deux enfants de quitter le confort d’une banlieue cossue des États-Unis pour s’installer en Angleterre, son pays de naissance. Persuadé d’y faire fortune, Rory loue un vieux manoir en pleine campagne où sa femme pourra continuer à monter à cheval. Mais l’espoir d’un lucratif nouveau départ s’évanouit rapidement et l’isolement fissure peu à peu l’équilibre familial.


« Je fais semblant d’être riche ».
Comme le bon vin, Jude Law se bonifie avec le temps. Grand cru aussi, la performance de son acolyte Carrie Coon, qui explose récemment. Il faudra compter sur elle et pour cause : à 40 ans, la jeune femme se révèle de plus en plus. À suivre.
C’est ce duo que l’on retrouve en tête d’affiche du film de Sean Durkin, réalisateur Canadien encore trop méconnu en France.
Dans « The Nest », Durkin évoque deux sujets principaux, le mensonge et la famille, et choisi astucieusement de découper son film en deux parties, comme le trajet d’un avion, puisque l’une comprenant la montée et l’autre… la descente.
Astucieux, le réalisateur introduit un couple heureux, qui ne manque de rien et vit sa petite vie en Amérique. Mais l’égo du père du foyer ne semble jamais être satisfait, et (encore une fois), le couple déménage.
Aristarque, le réalisateur critique le patriarcat, met en place une satyre du rêve américain mais déconstruit surtout le mythe du courtier parfait, pleins aux as et heureux, qui n’est qu’un imposteur.
« The Nest », c’est aussi une famille qui se déchire, un « Mariage Story » conventionnel, qui expose les doutes d’une femme envers son mari, qui donc lui ment en se mentant à lui même. Les scènes de diners ou cette femme moderne, qui s’émancipe de plus en plus n’hésite pas à rabaisser son mari le roi devant la cour sont juste délicieuse. Une enfance en manque de repères et d’identité, une famille qui se déchire.
Si la réalisation plutôt incisive dans son propos marque, elle s’essouffle aussi, et c’est dans cette promesse (illusoire) de réussite permanente que le film perd un petit peu de son originalité. Certaines scènes sont clairement de trop, et le cumul excessif des scènes de rédemption dans le final crée un léger déséquilibre.
Je ne peux cependant que le recommander, la photographie est intéressante, comme cette symétrie dans les plans (pour insister sur la beauté d’un palais anglais), et, encore une fois, le jeu de ce beau duo.
Le film sera t-il assez puissant pour marquer 2021? Il a en tout cas les capacités pour se placer comme une référence du genre descente aux enfers. Chute libre.
À suivre…

Baptiste-Gouin
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2021

Créée

le 18 févr. 2021

Critique lue 182 fois

1 j'aime

Baptiste Gouin

Écrit par

Critique lue 182 fois

1

D'autres avis sur The Nest

The Nest
Cinephile-doux
5

Le manoir aux alouettes

Ce n'est jamais très bon signe, à la fin d'une projection, de se demander quel était donc le sujet du film que l'on vient de voir. The Nest, le deuxième long-métrage de Sean Durkin, évoque les...

le 29 déc. 2020

9 j'aime

The Nest
mymp
7

Mal-être dans un jardin anglais

Depuis Martha Marcy May Marlene en 2011, Sean Durkin s’était fait discret. Officiant davantage en qualité de producteur (par exemple sur le magnifique Two gates of sleep), il n’aura mis en scène, en...

Par

le 8 janv. 2021

8 j'aime

The Nest
Fatpooper
5

L'ambitieux

Idée séduisante mais développement pauvre. En effet, voir cette famille éclater de la sorte, c'est fascinant, surtout que l'auteur se montre ambigu, crée un climat presque fantastique. Mais ce point...

le 28 déc. 2020

7 j'aime

Du même critique

BAC Nord
Baptiste-Gouin
8

French Connection

Critique par @lefilmdujour C’est l’histoire de trois types dans une caisse qui se surprennent à rêver de partir dans l’espace. Une destination à mille lieux de la banlieue Marseillaise et de ses...

le 17 août 2021

18 j'aime

2

ADN
Baptiste-Gouin
5

Miroir, mon beau miroir...

C'était la première fois hier que j'allais voir un film de Maïwenn, réalisatrice reconnue en France, après notamment deux succès que je dois absolument rattraper : Mon roi (2015) et Polisse...

le 6 oct. 2020

14 j'aime

4