Réalisé par Lorcan Finnegan, déjà remarqué avec Vivarium (2019), Nocebo met en scène Eva Green dans le rôle de Christine, une créatrice de mode pour enfants en plein effondrement psychologique. Perte de mémoire, culpabilité diffuse, incapacité à travailler : elle vit isolée dans une grande maison avec son mari Felix (Mark Strong), expert en marketing, et leur fille.
Un jour, Diana (interprétée par la fascinante Chai Fonacier), une jeune femme originaire de Malaisie, se présente à la porte comme aide à domicile. Accueillie dans le foyer, elle s’impose peu à peu par sa douceur et sa capacité à apaiser, tout en initiant Christine à des rituels de guérison inspirés de la médecine traditionnelle. Cette intrusion, cependant, éveille la méfiance de Felix, qui rejette les croyances de Diana et finit par l’écarter.
Le film bascule alors vers la révélation : si Diana a traversé la planète, ce n’est pas par hasard. Christine, derrière l’image d’une créatrice à succès, est coupable d’avoir exploité des ouvriers dans des conditions indignes. Un incendie, dans une usine travaillant pour ses collections, a coûté la vie à la fille de Diana. L’aide-soignante, d’abord venue pour comprendre et confronter Christine à sa culpabilité, finit par incarner la vengeance. Christine, acculée, choisira de mettre fin à ses jours, léguant dans un dernier geste ses « pouvoirs » à la fille de Diana.
À travers cette fable contemporaine, Lorcan Finnegan aborde un sujet rarement traité au cinéma : l’exploitation des populations pauvres par l’industrie de la mode occidentale. Les travailleurs, invisibles, sont sacrifiés au profit d’une réussite mondaine et d’un luxe construit sur la misère. En cela, le film a une résonance sociale forte. Chai Fonacier y apporte une profondeur singulière : son jeu mélange mysticisme, douceur et colère contenue, donnant au personnage de Diana une aura presque mythologique.
Pourtant, malgré la pertinence de son propos et l’intensité de son atmosphère, Nocebo souffre d’un manque d’ambition visuelle et narrative. Là où Vivarium frappait par son audace formelle et son univers dérangeant, Nocebo reste plus convenu, et peine à marquer durablement l’imaginaire du spectateur. La thématique, puissante et nécessaire, aurait mérité un traitement plus radical, capable d’élever le film au rang de référence.