The Old Oak
6.7
The Old Oak

Film de Ken Loach (2023)

La boucle, mais après tout c'est pour ça qu'on l'aime.

C'était sympa. Un Ken Loach mineur mais de bonne tenue.


On retrouve sans surprise dans cet Old Oak tout ce qui fait le sel des films du bonhomme (si on les aime – c’est mon cas), à savoir un sujet éminemment politique – ici l’immigration extra-européenne –, auquel il confronte inlassablement des personnages de prolos engliches éprouvés, le plus souvent interprétés par des acteurs du terroir inconnus au bataillon mais toujours parfaitement convaincants – avec à leur tête ici un certain Dave Turner, impeccable et attendrissant. Le tout comme il est de coutume sous un angle réaliste qui fleure bon l’authenticité et les sacs poubelle sur le trottoir (doux parfum). Et, ma foi, j’apprécie bien cette routine loachienne, ce petit shot de classe ouvrière laborieuse tous les deux ans, qui me permet en plus de relativiser sur la médiocrité de ma vie d’esclave du tertiaire.


Et si je craignais un petit peu ici le traitement du sujet de l’immigration (trop d’angélisme a tendance à me rendre extrêmement belliqueux), force est de constater que Loach s’en sort tout à fait correctement. C’est évidemment bienpensant au possible (je ne développe pas), mais aussi (et comme à chaque fois) suffisamment juste et ponctuellement touchant pour venir à bout de mon cynisme de principe. A la rigueur, je ne reprocherais au film que de n’être pas arrivé à me faire morver comme certains de ses prédécesseurs (dernier en date, Daniel Blake et sa scène de la banque alimentaire – les vrais savent). Mais à défaut d’être déchirant, il comprend tout de même sa poignée de scènes touchantes, notamment celles touchant au personnage de Marra (je n'en dis pas plus, mais il joue sur l’une de mes cordes sensibles).


Puis l’habituelle célébration loachienne de la solidarité entre prolos, l’invitation à se serrer les coudes entre gens qui ne sont rien, plutôt qu’à se déchirer voire se déchainer sur les (encore) plus faibles que soi (la boucle habituelle quoi), tout ça fait parfois chaud au cœur. Disons que par beaucoup d’autres réals, ce serait probablement insupportable de niaiserie, mais Ken Loach lui sait faire ça sans que l’on ait envie de lui mettre des claques. (Et c’est pour ça qu’on l’aime, d’ailleurs.)


Du coup, bon, je ne le tiendrai pas pour un grand Ken Loach, mais c’était tout de même un cru honnête, ce qui est tout à fait honorable pour un monsieur de 87 ans déjà (ce qui en fait mine de rien un exemple à suivre pour les prolos du monde entier, comme quoi le travail maintient en vie ! et dire que certains crisent alors qu’on ne leur demande que de bosser jusqu’à 67… tsss…).


A ce propos, la moyenne d'âge dans la salle était facilement de +70 ans, je n’avais plus vu ça depuis le dernier Lelouch. Votre excuse, les autres, pour ne pas venir voir les films de Ken Loach pendant qu’ils sortent encore en salles ?

ServalReturns
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le 25 oct. 2023

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