Chienne de vie.
Découvrir une oeuvre comme "The plague dogs" c'est prendre un véritable uppercut en plein dans le coeur. Adapté du roman de Richard Adams, le film de Martin Rosen, datant de 1982, sombrera petit à...
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le 17 juin 2013
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J'ai beaucoup de mal à suivre les critiques élogieuses sur ce film.
Si j'étais rancunier je leur en tiendrais même rigueur pour m'avoir fait perdre mon temps. Car à force de "c'est super comme c'est triste !", "c'est le plus grand film émouvant que j'ai vu depuis toujours", "c'est merveilleusement désespérant" je me suis laissé tenter, à mon grand dam.
Le dessin et l'animation d'abord n'ont vraiment rien de merveilleux, et je les ai plus supportés et tolérés qu'autre chose, voulant laisser sa chance au scénario et à l'histoire. Ok, ça date de 1982, mais ça ne doit pas non plus tout excuser. On n'a pas appris à dessiner en 1983 que je sache. Les décors sont gris, ennuyeux, ternes, maussades. Et l'argument de faire un film noir ne vaut pas excuse dans ce registre. Car il aurait été tout à fait possible, au contraire, d'utiliser toute la force d'un dessin affirmé, de décors expressifs et contrastés pour exprimer la noirceur de l'histoire. Le dessin manque de finesse au point de rendre par moment les scènes difficilement lisibles.
Voir un film d'animation et supporter l'animation, le dessin, l'absence de couleurs, on est déjà mal partis...
L'histoire ensuite. Noire et glauque à souhait pour mériter pleinement le label "Dessin animé pour adulte", ou plus exactement "Dessin animé triste pour adulte triste" (à déconseiller toutefois aux dépressifs - dépressives de Greenpeace / la SPA / la fondation B.B, qui pourraient avoir des réactions excessives suite au visionnage de ce film), elle commence très bien, ou plutôt elle commence mal très bien, dans un centre d'expérimentations sur les animaux, la première scène faisant froid dans le dos. S'ensuivent alors une suite de péripéties face auxquelles nos deux chiens, bientôt aidés par un renard, ne pourront que fuir.
Ce que je regrette, c'est la lourdeur du réquisitoire, entièrement à charge contre l'espèce humaine, qui s'accumule tout au long de l'histoire, sans que jamais une lueur d'espoir n'apparaisse, avec cette résignation et ce fatalisme qui fait crier certains au chef d'oeuvre, quand je n'y vois que la faiblesse et la facilité du pessimisme.
J'aurais peut-être suivi l'auteur dans sa démonstration si elle avait été plus rigoureuse et d'une implacable logique, malheureusement, son histoire cumule les absurdités et les entorses au réalisme pour que puisse se dérouler le fil noir d'une histoire sans isssue, et enfermer ses deux protagoniste dans une impasse.
En s'affranchissant de toute exigence de réalisme, Martin Rosen fait à mon avis une faute majeure, car son réquisitoire perd toute crédibilité.
J'ai commencé à tiquer, lorsque le chien tue par accident l'homme qui allait - enfin - le réconcilier avec l'espèce humaine et l'aider.
Celle-là quand même, il fallait la trouver, ou plutôt, être totalement à court d'idées, pour se rabattre sur un truc aussi tiré par les cheveux. Mais cela ne rebute nullement notre auteur, qui sort de sa manche cette incongruité comme un joker, pour continuer à tracer la spirale de la fatalité de son histoire.
Passons.
J'ai commencé à me dire que le scénario avait quand même un gros gros problème avec la logique et le réalisme, quand plus tard, c'est Mister Renard qui se met rien moins qu'à attaquer l'homme qui allait tirer sur les deux chiens (avec en prime un effet de manche de type série B, pour scénariste à nouveau à court d'idée, où l'élément x arrive pile-poil quand l'élément y va faire un truc pas net du tout et par un effet z complètement incongru parvient à l'en empêcher).
Un renard. Attaquer un homme armé d'un fusil.
"Ce matin, un renard a tué un chasseur. C'était un renard qui, c'était un renard qui..."
Rien de tel ou de pire pour décrocher du film que cet effet tout droit tiré de Chantal Goya. Avouez que ça fait quand même un choc.
Non, désolé, non. Les renards n'attaquent pas les humains. Qui plus est avec un fusil. Dans Walt Disney et Rox et Rouky, c'est peut-être bien vu par la faune larmoyante en culottes courtes et les pseudo adultes qui les accompagnent, mais dans un film qui prétend en prendre le contrepied, c'est complètement déplacé.
Et à mesure que le film se déroule, le constat se renforce que le réalisme est systématiquement déformé, plié et tordu pour amener le scénario là où ses auteurs veulent l'amener, tel Buster Keaton rangeant sa valise.
On se retouve alors avec cette scène complètement ridicule où les deux chiens sont poursuivis par des hommes armés et un hélicoptère.
Là ce n'est plus Chantal Goya, mais Platoon !
Ouioui je sais : "conte", "fable", "liberté scénaristique", "dramaturgie canine", "c'est pour exprimer la tension du truc et plus particulièrement du bidule". Cela ne répond à aucune autre logique que la volonté de surenchérir dans l'émotion et la dramaturgie, amenant une issue fatale. Mais hélas, sans réalisme, sans crédibilité, l'effet dramaturgique tombe complètement à plat.
Et il n'y a rien de pire pour un effet que de tomber à plat. La plupart ne s'en relèvent pas.
Au final, je ne sais pas la conception qu'ont du réalisme tous ceux qui ont encensé ce film pour sa dureté, son âpreté et sa sombre vision des rapports homme/chien/renard/hélicoptère, mais ce n'est pas du tout la mienne. J'ai été passablement déçu par le portrait caricatural et grossier qui est fait de l'espèce humaine. Tous des méchants, tous des ordures. Hélas, il n'y a pas pire réquisitoires que ceux qui sont totalement à charge, et avec un total parti pris - ils ne convainquent en général pas grand monde.
Il est vrai que si le film n'avait pas été desservi par un dessin maladroit et des paysages plus déprimants que tristes, j'aurais sûrement été plus réceptif. J'ai pardonné bien des lourdeurs scénaristiques à Miyazaki pour la beauté de son dessin et l'enchantement de ses couleurs.
Enchantement. Couleur. Deux mots dont il n'est d'ailleurs surtout pas question dans ce film, puisqu'il se borne à être d'un pessimisme irrémédiablement ennuyeux.
Créée
le 19 janv. 2025
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le 17 juin 2013
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Ah c'est bien fait, ça y a pas. Les décors sont de belles peintures mélancoliques, tristes même, très travaillées. Les animaux sont réalistes, ah ça, et de plus, humanisés par leurs paroles. Une...
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le 27 nov. 2013
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I don't feel, no pain no more... Renouer avec avec l'écriture comme ces canidés avec la liberté... Snitter et Rowf (déjà rien que leurs noms donnent envie de les aimer), deux chiens utilisés...
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le 14 mars 2016
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Note liminaire :J'aurais mis un 7 ou un 8 à la série, mais vu les notes sanctions des moralistes en herbe qui jouent la carte du coup bas en se voulant influenceurs de statistiques à coups de 1 ou de...
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