Rama 1/2 moitié combat et moitié rouie

J'ai mis du temps avant de faire décanter ce second épisode d'une récente franchise qui attise les passions. Et honnêtement, je peux le comprendre, il faut avouer qu'on a plus forcément l'habitude de voir de l'action à l'état brut sans supercherie, trop souvent aseptisée, donnant l'impression d’assister régulièrement à des rituels identiques chorégraphié sans la moindre saveur.

Ainsi Gareth Evans apporte tout son savoir faire comme il avait su l'appliquer lors du premier volet pour être aux antipodes de ce à quoi nous sommes habitués. Et force est de constater que ce côté là tout fonctionne encore davantage, la caméra est le vrai protagoniste principal de l'oeuvre. Partout et nulle part à la fois, elle accompagne les acteurs, les subliment lors d'affrontements dantesques, elle s'envole lors de plan séquences ingénieux et particulièrement bien foutus ou se coince dans des endroits exigus pour donner l'impression d'être présent dans une voiture ou un couloir serré. Elle renforce l’intensité de chaque coup donné et accentue la souffrance ressentie par les différents personnages qui encaissent des roustes monumentales, elle se montre insistante lorsqu'il le faut et s'efface quand c'est nécessaire. Elle est constamment en mouvement mais toujours avec un naturel constant, et c'est bien l'attrait principal de ce second opus qui trouve un dynamisme assez fou dans chacune des scènes d'actions plus barges les unes que les autres.

The Raid 2 à ce niveau explose son grand frère avec une facilité déconcertante, cependant car oui tout n'est pas idyllique, il faut mentionner ce qui à mon sens fonctionne nettement moins bien. Tout d'abord, la durée du film, en s'échappant du huis clos qui était l'une des forces du premier opus et en tentant d'y développer une intrigue plus épaisse, Evans s'est un peu perdu. En réalité, le souci, c'est d'être dans la demi mesure, il fallait soit réellement donner une substance au scénario et lui conférer une intrigue forte pour tenir son récit dans une structure dense, soit rester dans la ligne directrice d'un film sensoriel qui tabasse sans cherche plus loin. Mais avec cet esprit mi molle, on échappe pas au festival de clichés, et à la caricature de mafieux indigestes qui dessert sa fluidité en annihilant de manière drastique la jouissance ressentie durant 10 minutes de batailles effrénées. Trop proche du shonen dans son approche, la pléiade de profils rencontrés donne un ton trop cartoonesque proche du jeu vidéo et offre un panel de " boss de fin de niveaux " de plus en plus puissants comme on a pu les rencontrer dans un Mortal Kombat ou Street Fighter de quoi mettre en évidence les défauts du genre qui en découlent. Chacun disposant de leurs propres armes et servant uniquement à la fin de faire valoir à un Rama déchaîné, alors que ceux ci avaient explosé des vingtaines d'hommes à eux tout seuls au préalable.

Malgré tout il faut reconnaitre à ce Raid 2 de solides qualités, et je plains réellement ceux qui vont s'attaquer au genre puis passer derrière lui après le festival d'action qu'il daigne nous offrir. Soigné avec une minutie proche de la perfection dans sa forme, il mériterait un fond totalement retravaillé pour réellement devenir un monument du genre. Evans a cependant montré qu'il savait non seulement tenir une caméra, mais qu'il pouvait surtout en faire ce qu'il veut, un choc violent, maladroit et brouillon par moment mais foutrement puissant à l'image d'une torgnole de Rama, je peux vous certifier que ça calme sévèrement.

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