« The Revenant » est un survival extrême, sauvage et puissant, aux images souvent impressionnantes, voire tout bonnement jamais vues sur un écran, mais en aucun cas une œuvre « exigeante » inclassable, ou tape à l’œil.


« The Revenant » sonde l’âme humaine et ses pires penchants, avec une noirceur à donner des frissons face à cet horrifiant miroir tendu. De cet abandon sans concessions, jaillit une œuvre sombre, violente et rugueuse, où sont incarnées à l’écran les pires visages de l’homme, sa vilenie, sa médiocrité, son esprit de destruction, ses faiblesses, mais aussi sa force indestructible quand il est mué par des sentiments dépassant même les notions de vie et de mort.


Qu’il s’agisse d’une attaque d’ours dont la violence paralyse, d’une embuscade indienne tournant à la boucherie ou du retour à la barbarie progressive d’un Tom Hardy plus impressionnant encore que DiCaprio (Le Britannique méritait clairement plus l’Oscar que Leo), « The Revenant » impose à son public une série d’épreuves qui parfois subjuguent mais qui ne collent pas toujours aux tripes.


Pourtant, le film n’est pas la claque annoncée comme l’était « Birdman » en 2015. « The Revenant » n’en reste pas moins un divertissement haut gamme dans lequel on apprécie voir un très bon DiCaprio livré à lui-même dans cette nature hostile. Tout comme Tom Hardy confirme tous les espoirs placés en lui. Là où le bas-blesse c’est qu’Iñárritu passe plus de temps à filmer l’immensité de ces paysages sauvages qu’à mettre en valeur ses acteurs. Ce qui a pour effet de ralentir le rythme du film et d’augmenter sa durée.


La réalisation n’en reste pas moins brillante, les plans sont magnifiques (mention spéciale à la scène de la rivière et à l’attaque du Grizzly) et on retrouve tout le savoir- faire qui a fait la réputation du réalisateur de « 21 grammes » (2003) avec Sean Penn. Caméra virevoltante, plans-séquences perpétuels, Inárritu maîtrise sans aucun doute la réalisation de son film…


Mais qu’en est-il de l’histoire ? À chaque bataille, on y voit plutôt l’occasion pour Inárritu d’étaler son talent de réalisateur que de démontrer les travers colonialistes ou l’immensité de la nature. Si l’on peut légitiment dire que « The Revenant » est un pur film de mise en scène, il manque cruellement de surprises et de suspense (hormis plusieurs scènes plutôt efficaces).


Par conséquent, « The Revenant » est un film à la technique irréprochable (bien aidé par le directeur de la photographie, Lubezki en état de grâce) mettant de côté toute la puissance narrative qu’il aurait pu encore insuffler à une histoire déjà très bonne mais qui aurait dû être encore plus prenante et viscérale.


Alors oui « The Revenant » est un sacré bon moment de cinéma porté par les brillantes prestations de son duo d’acteurs mais pas le chef d’œuvre annoncé. Un film parfois trop contemplatif et pas assez immersif mais qui mérite ses récompenses aux Oscars (meilleur réalisateur, photographie et acteur).

Laloge
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le 13 nov. 2019

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