Il y a cette barrière qui empêche l'immersion. Une ombre qui n'a cessé de me hanter tout au long de la projection. L'ombre de T.Malick plane, celle du "Nouveau Monde" s'est invité dans mon esprit, tel un tyran m'avertissant qu'il n' y aura pas de nouveau roi sur ce sujet. L'analogie entre "Le Nouveau Monde" et "The Revenant" a été pour moi inévitable, presque un supplice.
Les problématiques sont les mêmes, pour les deux oeuvres il y a cette volonté nette à vouloir filmer des hommes soumis au droit naturel et/ou au modernisme, mais surtout une race impuissante face à la grandeur de l'effroyable mais belle dame nature. Terrence Malick a émis une thèse philosophique, de par l'amour et la grâce, tandis qu' Alejandro Inarritu propose un voyage spirituel et sauvage. La présence d' Emmanuel Lubezki, directeur photo de "The Revenant" et du "Nouveau Monde", assombrit cette ombre déjà si pesante.
Chez Malick, il s'agit d' une œuvre authentique, pure. Immaculée de tout effet de style pompeux, de tout artifice pour impressionner le spectateur. Chez Irranitu, la technique semble dépasser allègrement son propos. "The Revenant" tout comme pour "Birdman", rélève plus de l'exercice de style qu'une volonté sincère d’émettre une idéologie. Néanmoins, Irranitu fait preuve d'audace, il y a effectivement une certaine élégance dans sa mise en scène mais ne parvient jamais à transcender son oeuvre. Irranitu, tout comme ses personnages, est écrasé par la splendeur de la nature.
Irranitu filme un animal sauvage qui ne pense qu'à sa propre survie mais aussi des hommes ambitieux, térrifiés, bousculés, mais toujours petits face à l'immensité d'un monde austère, dangereux mais d'une beauté fatale (dixit Malick...)
On n'oublira pas la bande son qui arrive miraculeusement à illustrer le caractère brut de la nature.
On n' oubliera ni la prestation de Dicaprio (ici un cas d'école) qui campe un personnage redoutable (l'Ours), haineux (l'Homme) et christique (fin). L'erreur serait d'oublier le reste du casting, tous, au service de leur art.

Freddy_Ayen
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le 25 févr. 2016

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Freddy Ayen

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