"Incroyable ! Monumental ! Chef-d'oeuvre ! Oscar du meilleur réalisateur !"
Déjà que je suis pas vraiment fan du cinéma d'Inarritu mais tout ce tapage médiatique supplémentaire m'avait grandement refroidit quand bien même le sujet du film avait tout pour m'allécher.
Finalement j'me suis quand même décidé surtout qu'on m'avait promis une petite scène rigolote...
Alors le sujet du film (la survie d'un homme en milieu naturel hostile) c'est bien le seul truc intéressant mais tellement mal exécuté au final que je suis sorti complètement indigné par autant d'engouement et de reconnaissance suscités parmi l'establishment "médiatico-culturel".
Traiter d'un exploit humain extraordinaire par une approche "réaliste" dans la mise en scène n'en fait pas nécessairement un chef-d'oeuvre messieurs, dames !


Dès la première séquence d'attaque j'ai eu mal au crâne ! Ce procédé égocentrique caméra à l'épaule centré sur le protagoniste qui s'attarde de manière voyeuriste sur les phases les plus choquantes d'un combat sans qu'on comprenne ce qui se passe autour est complètement artificiel s'il est mal exploité. Et c'est franchement le cas ici ! On oublie jamais la caméra et on peut amener n'importe quoi en 2 secondes à l'écran et perdre totalement le spectateur (aucune spatialisation du combat) avec des indiens qui débarquent au corps à corps au milieu de nul part et vas-y que je t'en mets un dans l'arbre parce que ça fait cool ! (le mec ça devait faire des jours qu'il était planqué là où alors c'est tarzan). Il n'y a aucune tension d'avant combat, l'environnement n'est pas mis en valeur alors que dans un film de survie en milieu naturel, le regard devrait aussi être porté sur l'extérieur où il y a danger, non ?
Et Inarritu n'a pas finit de m'énerver avec des similis de ce procédé, la palme d'or étant celui qui consiste à faire un long panoramique autour de son personnage pour dévoilé au spectateur un élément qu'on avait déjà deviné 20 secondes plus tôt !
Je pense surtout qu'on prend le spectateur pour un con avec ce procédé surexploité: Panoramique, atttentttiooon !, révélation !
Cet égocentrisme visuel, toutes ces rotations et révolutions intérieures et cette claustrophobie de l'image, m'a fait ressortir avec un mal de crâne comme si j'avais fait le Space Mountain dix fois de suite...
Alors que monsieur Inarritu reçoive l'Oscar de la meilleur réalisation moi je dis NON (bon ok les Oscars c'est pipeau) surtout que George Miller fait preuve de beaucoup plus d'intelligence dans Mad Max quand il introduit en plans fixes des éléments en arrière plan qui laisse la possibilité aux spectateurs attentifs de prévoir comment l'action du film va être relancer par la suite (tempête de sable au loin pendant la poursuite, camion derrière Tom Hardy enchaîné après la tempête, fusil à canon scié,...)


Passons maintenant à la petite scène rigolote qu'on m'avait promise : celle de l'attaque de maman ourse ! Bah ça été un énorme fou-rire !!!! J'en pouvais plus !!! Mais vraiment plus ! (car en plus la scène s'étire au delà du raisonnable) : Se faire défoncer le cul par une ourse en chaleur dans les bois le tout filmé caméra à l'épaule pour ne rien rater des expressions de jouissance de Léo c'est trop !
Voilà sur quelle "interprétation" elle débouche ta mise en scène Monsieur !
Puis les animaux puent l'infographie et pour un film qui adopte une approche réaliste ça le fait pas du tout (l'ours, le bison et les loups, le cheval blanc qui tombe dans le précipice,...)
A ce stade tout me fait tiquer ! Je suis devant un spectacle beaucoup trop artificiel à mon goût...


Malheureusement, le constat d’échec ne va pas s’arrêter là pour M. Inarritu car passer l'"amorce"


sodomie à l'ursidé


et le "turning point"


La mort du fils de Léo


le film en devient plat et prévisible au possible (avec de surcroît, un méchant des plus caricatural et prévisible, dommage pour Tom)


Le coup de sioux du Léo utilisant le corps du capitaine comme appât j'lai vu arriver de très loin


Mais le clou rouillé du spectacle c'est le propos même du film (que certains appellerons la "morale" ) Que le concept de "Dieu" soit introduit comme ça au milieu du film, pourquoi pas, même s'il s'agit d'une histoire de survie et de vengeance (après tout, qui en danger de mort ou en état de grande colère face à une injustice n'invoquerait pas Dieu et ne remercierait pas la Providence devant la réussite ?).
Mais là on a surtout un discours qui ne colle pas avec la fin (Les flash-back un peu mystiques ça m'irrite aussi car vu et revu mais passons) :


le fils de Léo lui-dit en gros que la vengeance n'est pas de son droit et quelques secondes plus tard Léo pousse le Tom Hardy dans le fleuve et ce dernier se fait égorger par des Indiens quelques mètres plus loin !


Mais quelle bande de fils de putes ces indiens ! De quoi ils se mêlent ? Inarritu tu pouvais pas laisser le fleuve, la nature ou ce que tu appelles Dieu décider ? En gros pour toi Dieu accomplit sa vengeance à travers les humains et par moyens interposés. Laissons le sale boulot aux autres...
Le film aurait gagné à soutenir la vengeance et la détermination d'un homme jusqu'au bout et ne pas introduire Dieu ou alors à introduire Dieu et laisser le fleuve emporter Tom Hardy à la fin... Mais avec cette fin bâtarde, Inarritu fait passer les indiens et Dieu pour des connards... Magnifique ! Introduire Dieu c'est casse-gueule et ça peut te péter à la gueule ce truc...


Sinon faudra m'expliquer comment l'indien il arrive à faire du feu sous un blizzard ! Ça m’intéresse beaucoup plus que tout le reste.

Altharil
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le 28 mars 2016

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Altharil

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