Marche funèbre
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
173 j'aime
41
ALERTE : cet avis contient des spoilers. Si vous n'avez pas encore vu le film et que vous envisagez de le voir prochainement, changez de page ;)
Se situant entre le "Guide du survivialisme" et celui du "Petit trappeur futé", vous apprendrez dans ce film que seul survivent les héros, qui après avoir été dans l'erreur pendant plus de 2h30, prononcent enfin cette phrase (oh combien policée) : "La vengeance appartient à dieu"(Flash info : Dieu est amérindien !)
Il vous reste 2mn et quelques pour réaliser que vous avez :
Pour venir face caméra (le regard plus bleu que jamais) pour vous rendre compte qu'une bande d'imbéciles a payé 15€ sa place, installée dans des fauteuils de velours rouge bien au chaud, pour assister à votre monumentale, colossale et incommensurable erreur...
Si ce n'était la beauté des images, la bande son présente juste ce qu'il faut, l'utilisation des décors et des cadrages qui inscrivent l'environnement au centre de "The revenant", ce film n'aurait pas réussi à me tenir dans mon siège les 2h30 qu'il dure. La première heure (à part l'intro efficace et maîtrisée) a bien failli avoir raison de ma patience à coup de dialogues d'une niaiserie presque touchante.
Car il dure ce film... Ciel ce qu'il duuuurrrrreeeee ! Ca en est gênant. L'accumulation improbable et sur-dramatisée des péripéties de Hugh Glass aurait pu, avec une ossature scénariste plus affûtée, emporter mon adhésion. Mais comment éluder la vacuité des séquences oniriques qui exhorte le spectateur à remplir par son fatra philosophique et éthique personnel le vide mis à disposition par les 2 scénaristes ?
Le résultat de ce manque d'écriture ? Un film d'une beauté prétentieuse, un étalage de violence dont l'utilité est parfois discutable, un réalisme alternant entre l'outrancier et l'approximatif, une sur-enchère dramaturgique qui n'a d'égale que sa longueur.
"The revenant" devait-il réussir sa traversée pour nous balancer cette morale (bien insipide et réchauffée) que "la vengeance ne ramène pas les morts" ? Cette fin, bien maigre, a-t-elle été exigée par les distributeurs et les producteurs en contrepartie d'un blanc-seing pour la "violence visuelle" ? Après avoir, pendant près de 2h30 , esthétisé et mis en évidence la violence qui baignait probablement ces régions et cette époque, a-t-il fallu policer le discours par un ending consensuel ?
La fin aurait été différente, peut-être aurai-je trouvé à ce film assez d'excuses pour lui pardonner tout ses autres défauts. Mais comment passer outre cette fin tiédasse qui soudain nous rappelle qu'aujourd'hui, comme hier, on ne fait pas du cinéma en toute liberté. Ce twist final est si artificiel qu'il paraît ne pas être l'oeuvre de celui qui est derrière la caméra.
Et si mes allégations sont fausses, alors Inarittu n'a aucune excuse pour nous avoir baladé de la sorte. La prochaine fois que je vais jusqu'au cinéma, que je paie ma place, que je m'installe et que j'éteins mon téléphone, cher Inarittu, pourriez-vous faire votre boulot et avancer jusqu'à moi ? Et cette fois pas besoin d'onirisme, de corps lacérés ou de giclées de sang sur la caméra, de plans séquences interminables et de morale. Juste une histoire construite et un peu moins de fascination pour vos propres images et on pourra commencer à parler cinéma... ou presque.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2016 et Les meilleurs films avec Leonardo DiCaprio
Créée
le 20 avr. 2016
Critique lue 1.3K fois
21 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur The Revenant
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
173 j'aime
41
Passé l’exercice de style, accompli avec un brio rafraîchissant et sans précédent, de Birdman, Inarritu revient avec une œuvre, toute aussi maîtrisée, mais plus complète. Dès l’une des premières...
Par
le 28 déc. 2015
114 j'aime
18
Pfiou ! Quel après-midi mes aïeux ! Je dis ça mais je n'ai pas la moindre idée de l'âge moyen de mes chers lecteurs. Tiens, en voilà une question qu'elle est bonne ! Quel âge avez-vous, chers...
Par
le 28 févr. 2016
101 j'aime
31
Du même critique
Maniérisme visuel forcé, ambiance épouvante/horreur artificiellement maintenue par des effets de réalisation inutiles et ostentatoires, effets sonores caricaturaux surjouant l'aspect anxiogène que le...
Par
le 19 nov. 2022
48 j'aime
11
J'ai regardé hier soir "Emmanuel Macron, les coulisses d'une victoire". Ca aurait pu être pour Mr Yann L'Hénoret (le réalisateur) un moment culminant dans un CV qui ne démérite pas. Et puis me voilà...
Par
le 9 mai 2017
44 j'aime
17
Ici les "bonnes conditions" côtoient surtout les bonnes intentions. La mièvrerie coule partout sur la pellicule. Le montage est scolaire et sommaire. Le story-bord est souvent embrouillé sautant d'un...
Par
le 29 juil. 2019
26 j'aime
7